Londres - Sainte Mangouste ֍ La désagréable sensation d'avoir effectué trop de sauts de transplanage pour passer les frontières commençait clairement à se faire sentir alors qu'il passait les dernières douanes pour, finalement, arriver dans les rues de Londres. Comme si son corps et son esprit semblaient enfin souffler maintenant qu'ils n'étaient plus ballotés et comprimés dans tous les sens ; Eiji senti le souffle de  la vie reprendre en lui. A moins que ce ne soit la vue de cette vitrine qui se dessinait dans les brumes naissantes de l'obscurité. Non, peut-être pas... Parce qu'autant les nouvelles reçues plus tôt, quelques heures ou quelques jours, auraient-eu de quoi le réjouir. Autant cette nouvelle faisait naitre en lui de nouvelles questions alors qu'il s'approchait enfin, à l'abris des ombres naissantes et la main vissée sur la poignée d'une valise au cuir élimé.

Sainte-Mangouste... Endroit haït depuis des mois. Endroit où se trouvait pourtant cette once d'espoir qui ne l'avait pas quittée depuis... Depuis qu'elle était là. Que tous se donnaient le tour pour veiller sur elle alors qu'il s'occupait d'autres affaires. Affaires de famille, affaires de clan, ses propres affaires. Comme si en faire trop et toujours plus pouvait l'empêcher de penser à … Elle...
Au départ, il y avait eu Chronos pour le focaliser sur un autre fait. Chronos, ses mages, la boite, son culte. Jusqu'à ce qu'ils le trouvent, qu'il soit débusqué, qu'il soit annihiler sous les lames d'une cousinage qui avait bien plus en tête que la simple survie d'une humanité. L'honneur, le devoir et cette vengeance qui coulait toujours dans ses veines à lui.
Après ça, ça avait été le vide total et il avait dû se trouver d'autres sujets pour occuper ses pensées entre les entrainements. Entrainements du corps, de l'esprit ; de tout et de rien pendant que Kaneko et Iwao se donnaient le tour ici. Kaneko, le plus souvent puisqu'Iwao, comme Eiji, avait eu besoin de temps pour lui.

Un mince sourire vint tordre les traits de son visage. Un sourire amer et peut-être un peu triste aussi. A moins que ce ne soit autre chose, une autre émotion sur laquelle il n'arrivait pas à poser un nom. Ca, au moins, ça n'avait pas changé. Mais la question qui tournait maintenant dans sa tête, celle qui lui avait fait perdre le sommeil, sombrer dans les bras d'un alcool de riz trop souvent, c'était plutôt de savoir si, chez elle, quelque chose aurait changé... Est-ce qu'elle...
Eiji pinça les lèvres alors qu'il donnait son nom occidental à la réception pour mieux passer la secrétaire de l'accueil. Elle lui indiqua que les heures de visites seraient bientôt terminées et qu'il devrait faire vite. L'entendant sans vraiment l'écouter, il acquiesça avant de rejoindre l'étage convoité. Passant une volée de portes à double battant, il s'arrêta longuement devant l'une d'entre elle ; celle qui marquait l'entrée -ou bien la sortie- de ce service. Il pouvait toujours faire demi-tour, non ?

Eiji déglutit. C'était idiot, n'est-ce pas ? Puisqu'il avait attendu cette nouvelle tout l'été. Comme suspendu à un fil qui menaçait de l'étrangler chaque fois qu'il prenait une nouvelle inspiration, qu'il arrêtait de se concentrer sur tout et rien ; sur autre chose. Resté occupé, ça avait été sa priorité.
Mais là, devant ce bois blanchit et ces deux vitres qui laissaient voir des médicomages en pleine discussion, il hésitait.
Pinçant les lèvres, comme si le courage pouvait naître de cette action, il se décida enfin à passer cette dernière séparation. Rejoignant un autre couloir qui aurait bien manqué de lui donner d'autres cauchemars.

Cette zone de l'hopital était simple, il y avait si peu de portes qu'on ne pouvait pas se tromper. Et si peu de monde, au final. Assez peu pour ne pas avoir à se concentrer sur les bruits qui passaient au travers de ce dernier rempart, une muraille de son point de vue. Alors il attendit, un peu plus loin, à l'ombre d'une bifurcation. D'entendre cette porte s'ouvrir, de vois les gens en sortir sans qu'il ne les analysent vraiment. Lui, dont les yeux peinaient à quitter ce rayon de lumière dans l'embrasure et qui, déjà, disparaissait.
Il lui fallu quelques minutes encore, ou quelques heures, le temps de caresser la poignée de cette valise qu'il avait conservée tout l'été.

En y regardant bien, il ne su pas vraiment combien de temps s'écoula réellement. Juste assez, certainement, pour qu'il soit sûr que plus personne n'entre dans cette chambre, celle là même qui l'appelait tout comme elle lui donnait ce que les autres appellerait des sueurs froides.
Quand il appuya sur la poignée pour entrouvrir le battant, son cœur aurait pu marquer un temps d'arrêt alors qu'il coulait un regard dans la pièce pour la trouver vide. Un instant, il fronça les sourcils avant de s'avancer, jusqu'à étendre du bruit dans la pièce d'à côté. Une salle de bain, sûrement. Certaines choses n'avaient peut-être pas changées finalement. Peut-être est-ce de là, de cette pensée, qu'était né son sourire. A moins que ce ne soit le soulagement de ne pas lui faire face, se faire face, maintenant.

Quoi qu'il en soit, il choisi cet instant précis pour entrer et si diriger vers le lit. Il y déposa d'abord la valise qu'elle affectionnait tant et où il avait dû descendre régulièrement depuis... Sous la manche de son kimono, il observa le bracelet à son poignet. Emeraude salvatrice, peut-être, qui avait permis qu'il puisse s'occuper de l'animal même si ce n'était encore qu'un bébé.
Son geste ne s'arrêta pas là cependant, alors qu'il passait sa main dans ses vêtements pour en sortir divers objets.

Un médaillon ouvragé d'abord, où deux serpents s'enlaçaient et qui faisait écho au sien. Il le déposa à quelques centimètres du cuir de la valise.

Un pic à cheveux aussi. Kanzashi dont l'ornement faisait écho a une couleur qu'il revêtait souvent, où l'on pouvait voir les années qui avaient passés. Un souvenir pour un autre. Lorsque ses doigts passèrent sur le bois laqué légèrement abimé. Si elle... se souvenait, elle devrait savoir à qui il était.
A cette pensée, il déglutit avant de prendre la dernière chose qu'il avait pour elle.

Branche de cerisier en fleurs comme figée dans le temps, symbole de renouveau qu'il déposa sur le cuir de la valise.
Est-ce qu'il voulait resté ? Oui. Au fond, oui. Même si il avait des doutes tout de même. Lui qui avait quitté son île et entamé son voyage sans écouter le rapport au complet.

Est-ce qu'elle aurait changé ? Physiquement... Psychologiquement. Est-ce qu'elle, se souvenait ? D'avant lui, d'avant eux, de Chronos, du temps, de ces fanatiques, de la boite, de … Lui ?

Lui, eux, elle. Des moments passés, des mots prononcés, des vérités dévoilés. Ca devait être à ça, qu'elle ressemblait finalement. La peur.
Peur de ne pas savoir se comporter. Peur de ce que l'on va trouver ou, plutôt, de ce qu'on ne trouvera pas. C'était idiot, n'est-ce pas ? Et déjà trop tard pour se poser d'autres questions alors que les sons reviennent à ses oreilles. Combien de temps est-il resté planté là ? Entre deux vies et deux envies ?

Londres - Sainte Mangouste ֍ Ce fut un son émanant de la salle de bain qui permit à ses incessantes questions de faire un peu moins de bruit dans son esprit. Cette rumeur sourde le fit tourner la tête de quelques degrés, juste assez pour que la périphérie de son regard se pose sur la porte de la pièce voisine. Derrière les fenêtres que forment ses yeux, on pourrait presque voir de nouvelles remarques qui viennent se disperser ; comme autant d'idées qui permettent aux anciennes de prendre un peu moins de place. Il aura un léger froncement de sourcils alors qu'il repose ses yeux sur les draps du lit, qu'il acquiesce pour lui même, crispant les muscles de sa mâchoire comme si ça l'aidait à prendre une nouvelle résolution.
Ce rituel dura quelques secondes à peine, le temps nécessaire pour lui de prendre une décision avant qu'il ne quitte le chevet du lit. Lui, si silencieux d’ordinaire donne l'impression de l'être plus encore alors que ses pas se fond bien trop délicats sur le sol. Trop lent aussi, comme si il marchait sur des œufs et faisait tout son possible pour n'en briser aucun. Est-ce là le symptôme de ses précédentes angoisse où une nouvelle qui vient prendre place au creux de son esprit tandis qu'il pose sa main sur la poignée de la porte.

Une hésitation, encore une. Une petite seconde qui lui renvoie une nouvelle fois cette impression que tout est plus lent ; la porte s'ouvrira enfin quand il aura fini de tourner la poignée. Quelques centimètres d'abord, pour permettre à son regard d'observer ce qu'il voit de la pièce, puis plus largement. Assez pour le laisser passer dans un mouvement fluide, la respiration comme suspendue alors qu'il la détaille, qu'il à l'impression de devenir fébrile, ou bien d'avoir trop chaud, ou trop froid. Il ne sait pas. Son cerveau donne l'impression qu'il s'est arrêté en court de route, qu'il à eu un raté venu d'on ne sait trop où. Quelque part entre ici et ailleurs.

Un voile de douceur passera dans ses yeux, contraste poignant avec l'impassibilité de son visage alors qu'il fini par lâcher la poignée pour s'avancer. Un pas, puis deux ; toujours suspendu sur ce fil de temps si lent. Il observera ce miroir, sa gestuelle ; avisera cette goutte de sang qui à perler contre le lavabo. Un pas, un autre ; pour effacer une distance qui n'était déjà pas bien grande. Il a toujours cette impression de lenteur, comme si ses membres étaient retenus par des fils invisibles, alors qu'il approche une main de la jeune femme. Juste assez pour que ses doigts viennent prendre place autour de son poignet. Juste assez pour qu'il est le sentiment de respirer à nouveau, de la voir sursauter alors qu'il posera une main dans son dos pour éviter qu'elle ne tombe, ne glisse ou ne lui échappe encore.

Ce seul contact lui donne l'impression qu'elle pourrait encore disparaître, partir dans un lieu où il ne pourrait pas la suivre. Alors son regard passera de sa main abîmée à son visage. En détaillera les contours avant de chercher son regard. As-t-il encore cessé de respirer alors qu'une nouvelle crispation glisse sur son visage ? La réalité de cette scène semblera pourtant reprendre ses droits. Même si il a toujours cette impression de voir ses gestes se dérouler au ralenti alors que sa main quitte les reins de la jeune femme quelques instant pour partir à la recherche d'une serviette. Serviette qu'il apporta contre la main blessée, l'enroulant légèrement avant de la maintenir de son autre main.

Peut-être aurait-il voulu goutter un peu plus sa peau du bout des doigts, retracer les contours de son visage, de sa bouche, de son nez mais ses doigts repartiront bien vite reprendre leur place.
Dans ses yeux, des voiles émotives semble prendre place au fur et à mesure que des questions silencieuses demandent à s'échapper de ses lèvres. Mais comme souvent, il ne dira rien, n'ouvrira pas la bouche alors qu'une certaine forme d'inquiétude s'installe enfin. Elle se voit, certainement, dans son regard alors que la ligne de ses yeux se fait moins insensible, plus préoccupée.

Trois mots, sept lettre et son prénom. Quelque chose qu'il ne dira pas et qui se transmettra peut-être par sa façon de faire les choses. Il n'en sait rien, n'en est pas encore au stade où il se pose cette question et ne se la posera sûrement jamais. Lui qui à tant de mal à analyser les émotions des autres, encore plus de mal avec les siennes. Mais... Est-ce qu'elle... se souvient ? Ça, plus que tout le reste, lui donne l'impression d'être vital.  

Londres - Sainte Mangouste ֍ Il n'a pas idée du temps qui s'est écoulé depuis qu'il à posé ses doigts contre sa main. Il sait juste que celui ci à sembler reprendre lorsqu'il aura entendu sa voix, son nom. Comme si son simple nom pouvait lui redonner vie. Comme si l'air qu'il sentait bloqué depuis si longtemps recommençait sa course jusqu'à ses poumons. Les muscles de son dos, de sa nuques, de tout son être donnèrent l'impression d'une détente qu'ils n'avaient pas connus depuis longtemps.
Et ce baiser, si chaste, si doux, si léger ; quelques secondes qui ne permettront pas qu'il bouge de sa position. C'était comme si, le simple contact des lèvres de la jeune femme, lui permettait de sortir lui-même d'un long coma. De tous ces jours où il avait eu l'impression de vivre dans du coton, dans un épais brouillard qui ne se levait jamais.

Il ne saurait dire ce qui le soulageait le plus. Sa parole, ses lèvres, ses gestes, cette étreinte si légère au début et puis, plus forte ensuite. Lorsque ses doigts quittèrent la main de la jeune femme pour glisser le long de son bras jusqu'à son dos. Quelques secondes où il la serra un peu plus fermement ; ou il ferma les yeux alors qu'il venait perdre son visage dans ses yeux. Quelques secondes pour un soupir, échos lointain à celui de la jeune femme. Elle était là. Elle se souvenait. Elle...
Sans s'en rendre compte, il resserra sûrement un peu son étreinte avant de la relâcher. Comme si c'était douloureux au final ou bien, comme si c'était trop pour lui. Lui qui avait tenu bon sans rien pouvoir faire. Lui qui était resté sur un fil tendu pendant des semaines, refusant de s'écrouler alors qu'il maintenait un équilibre précaire.

Là, maintenant, ça aurait peut-être été le bon moment pour tout lâcher. Mais, cette fois encore, il trouva quelqu'un pour le rattraper. Un simple question. Une question qui en regroupait beaucoup d'autres.

« Ça risque de prendre du temps... » Sûrement plus vu que le récit viendrait de lui. Et le demi-sourire presque désolé qui parait ses traits semblait se poursuivre jusque dans ses iris. Certaines choses ne changent jamais, d'autres ne doivent pas changer.
Quelques instants encore, il la garda dans ses bras.

« On devrait aller... s'asseoir. »

Belle ironie quand vous aviez passé bien des jours dans le coma que de devoir retourner vous asseoir pour ne pas risqué de tomber. Mais l'idée qu'elle ait une faiblesse et disparaisse à nouveau. Que ce soit par la fatigue où parce que ses jambes ne pouvaient plus la retenir... Il ne savait pas mais, l'idée ne lui plaisait pas. Et c'est avec toute la délicatesse du monde qu'il l'aida à passer la porte de la salle de bain. Marchant à son rythme pour la soutenir ou pour éviter qu'elle ne se brise entre ses doigts.
Il marqua cependant un temps d'arrêt en passant la porte. Souriant pour lui-même ou se moquant. Dans sa première idée, disposer les objets avait été fait pour qu'elle ne le voit pas à son réveil. Parce qu'il doutait mais là... Maintenant qu'il les voyaient il trouvait cette idée tellement... stupide... Si... Est-ce que c'était romantique ? Parce que, clairement, maintenant qu'il voyait ça, il ne savait pas si il était gêné ou non. Enfin si... Plutôt...

On n'était pas si mal dans la salle de bain, n'est-ce pas ?  

Londres - Sainte Mangouste ֍ Quand ils étaient entrés dans la chambre, Eiji en avait presque oublié comment respiré. C'est dire à quel niveau était monté son embarras alors qu'il avait posé les yeux sur les objets posés plus loin. Autant, la valise n'était pas un problème. Pas plus que le médaillon puisque c'était celui de la jeune femme mais ; le reste.
On ne va pas mentir, si il avait su que leur retrouvailles se seraient passées ainsi, il aurait gardé branche de cerisier et kanzashi pour lui. Puisque, dans l'idée, elle devait les trouver quand il n'était pas là ; comme une promesse qu'il veillait sur elle ou qu'il serait toujours là pour elle. Ou bien comme d'autres mots qu'ils avaient un jour échangé. Comme un vœu peut-être, également.
Alors forcément, il avait dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de quitter ces choses des yeux et se concentrer sur la marche de la jeune femme, sur le fait de l'amener jusqu'à son lit, de l'aider et de la supporter au mieux sans pour autant l'entraver dans ses mouvements.

Le moment le plus gênant pour lui fut certainement celui où elle releva les yeux, découvrant ce qu'il avait déposé plus tôt. Sans pour autant la lâcher, il avait détourner les yeux, regardant le mur opposé, fixant un point dans le vide tout en se demandant ce qu'il fichait encore ici. Un peu plus et il s'en serait mordu l'intérieur de la bouche ou aurait déglutit une bonne quinzaine de fois en pinçant les lèvres tout en sentant son cœur battre la chamade.
Et autant il fit tout son possible pour ne rien laisser paraître, autant son cœur manqua un battement quand il sentit le corps de la verte et argent revenir contre lui. Qu'il sentait entre ses doigts la tension dans ses muscles alors que ses épaules se soulevaient au rythme de ce qu'il identifiait comme... un sanglot ? Des... des larmes...

La bouche ouverte, il la ferma bien vite tout en inspirant. Ne manquant pas de regarder à gauche et a droite alors que, dans le même temps, il l'asseyait sur le lit sans la lâcher pour autant. Par trois fois il essaya d'ouvrir la bouche, mais au lieu de parole ce ne fut qu'inspiration trop saccadée pour lui. Un peu plus et il en aurait gonfler les joues en une moue grotesque ; un peu à la manière de... Teddy ? Qu'est-ce qu'elle venait faire là, celle-ci.
En vérité, il eut toutes les peines du monde à reprendre une certaine contenance... Ou du moins à faire semblant que, tout était normal, aucun soucis, je ne vois pas de quoi vous parlez. En sommes, nous avions ici ce qui se retrouve être le plus proche d'un grand vent de panique soufflant sur un assassin.

Et tant qu'à ne pas savoir quoi faire, autant ne pas savoir quoi dire non plus. En vérité, sa seule action fut de resserrer un peu leur étreinte tout en ayant ces yeux toujours... hagards ou... fous ?

« Kassie ? »

Rien que prononcer son nom avait été difficile tellement il en avait oublié comme respirer. Et encore une fois, il du regarder à droite et à gauche. Pour trouver quoi ? N'importes quoi qui pourrait lui donner un mode d'emploi. Ou plutôt n'importe qui... Iwao aurait été pas mal dans cet instant précis. Ou bien Matthew rien que pour déposer sa sœur dans ses bras avant de filer se cacher plus loin et ne plus jamais revenir. Parce que là, clairement, il ne savait pas trop qu'en penser. Est-ce qu'il avait commis une quelconque erreur ? Est-ce que... C'était si stupide que ça que d'avoir fait... ca ? Ou bien... Autre chose.
Alors, au final, il retourna fixer ce point au loin, petite tache invisible sur un mur blanc tout en gardant la jeune femme entre ses bras. C'est que, bon, avec tout le respect qu'il avait pour elle ; ça aurait été tout de même dommage qu'il la laisse tomber par terre avant de s'enfuir, non ? 

Londres - Sainte Mangouste ֍ Il lui parut si long ce temps, si long qu'il lui avait donné l'impression qu'il aurait été possible de faire six fois le tour de la terre en marchant. Il n'arrivait même pas à faire plus que ce qu'il faisait maintenant, rester bête face à... à quoi ? De la détresse, de la tristesse, autre chose ? Au final, Eiji termina par ne plus respirer du tout, incapable de bouger qu'il était. Incapable de penser aussi. Ce n'était pas tant qu'il n'aimait plus sentir le corps de la jeune femme si près de lui. C'était... plutôt ce sentiment d'impuissance qui l'empêchait de bouger. Quelque chose n'entrait pas dans la bonne case et au fond de lui, il savait qu'il ne mettrait jamais le doigt sur le problème. Posé entre deux monde, à la limite de deux précipices. Il ne pouvait même plus dire qu'il se perdait dans ses pensées, tellement son cerveau était vide. Incapable de fonctionner ; bloqué par il ne savait quoi. Des émotions, sûrement, lui qui les comprenait si peu. Lui qui ne mettait jamais le doigt dessus et qui ne les comprenait pas. Décryptait souvent à côté et finissait par les évincer.  

Son souffle sembla reprendre lorsqu'elle marqua la distance entre eux. Lui si perdu qu'il ne savait toujours ni quoi dire, ni quoi faire. Il savait juste que resté immobile était sûrement le mieux. Avec un peu de chance, quelqu'un volerait à son secours pour le remettre en état de marche. Et cette personne, ce fut Kassie lorsqu'elle reprit la parole. Bien qu'il ne comprenne pas, au départ comment elle pouvait le remercier après toutes ses larmes versées. A cause de... Lui ? Il savait qu'elle était habituée à... plus luxueux ? Mais... Sur cette île d'un autre temps, n'avait-elle pas aimé un simple présent ? Mais, peut-être qu'il se trompait là encore ? Ou bien c'était autre chose, elle venait de dire qu'il était beau, n'est-ce pas ? Donc...
Ce point invisible était transcendant, si merveilleux qu'il aurait bien voulu continuer de le fixer ou bien de disparaître dedans, de fusionner avec pour être exact. Mais... Mais son cerveau sembla se remettre en état de marche l'espace d'un court instant. Le temps pour lui de revenir à ses paroles, d'entendre ses mots, de la voir jouer avec ses doigts ou bien de s'acharner dessus.

Il ne sut pas, à cet instant, ce qui était le plus terrible. Son état d'il y avait quelques minutes ou... celui qu'il sentait poindre maintenant. Parce que là où l'intellect c'était envolé, s'était maintenant une certaine forme de tristesse qui venait de s'installer. Un tristesse...
Ça, il pouvait le comprendre. Comprendre à quel point il était désolé.

« Kassie... » Il aurait pu le répéter en boucle son prénom. A croire qu'il n'avait que ce murmure au bout des lèvres alors qu'il prenait ses mains dans les siennes.
Les lèvres à moitié ouvertes, il inspira profondément ; fermant les yeux par la même occasion. Comme pour se donner du courage ou bien se flageller à l'avance de ce qu'il allait faire dans quelques instants.

Une ride de tristesse barra son front, de douleur peut-être aussi alors qu'il se sentait acculé. Coincé dans une zone d’inconfort qu'il aurait préféré oublier mais, n'était-ce pas pire pour elle ? A moins que ce ne soit, plutôt, n'allait-ce pas être pire dans quelques instants ; dés qu'il aurait terminé d'inspiré et qu'il rouvrirait les yeux... Juste quelques secondes encore, pendant que le temps reste en suspend.

« Nous sommes le vingt-neuf août... Kassie... Ça fait...Bientôt trois mois que tu es dans le coma... »

Et a quoi s'attendait-il en disant ça ? A ce qu'elle arrête de poser des question peut-être ; où à ce qu'elle tombe plutôt alors qu'il la prenait à nouveau dans ses bras. Aussi bien pour cacher à sa vue le visage de la jeune femme que pour cacher le sien. Était-elle folle de lui demander, à lui, de lui raconter. Lui si furieusement incompétent avec les mots et la meilleure façon de les prononcer ?

« Zoé est... Morte. Et... Et j'ai bien cru que tu étais morte aussi, ce jour là. »

Jour maudit où il en avait tellement péter un plomb qu'il en avait blessé sa cousine, qu'il en avait sûrement manqué de la tuée tout comme il avait, sans doute, précipité la chute du temple sur eux. Parce que ce n'était pas assez pour lui que de se flageller pour le coma de Kassie. Non, bien sûr que non. Il fallait aussi qu'il se flagelle pour tous les maux qui avaient eu lieu là-bas. Et pourquoi pas pour ceux nés en Egypte aussi. Pour Kaneko, pour Iwao, même pour son oncle ou pour Matthew.
Et une nouvelle fois, bien malgré lui, il avait cette furieuse envie de mettre les voiles. De disparaître dans le décor pour ne pas avoir à affronter la suite. Pour ne pas avoir à raconter la suite et toute l'horreur qui en avait découlé. Son horreur pendant qu'elle était allongée ici, inconsciente. Si proche et infiniment loin à la fois.

Londres - Sainte Mangouste ֍ Le temps lui donnait l'impression d'être suspendu alors qu'il attendait une réaction de la part de la jeune femme. Presque aussi suspendu que l'était sa respiration alors qu'il semblait avoir du mal à se rappeler qu'il était utile d'inspirer et d'expirer pour que le corps n'arrête pas de fonctionner. C'était un sentiment malaisant, très déplaisant. Quelque chose qu'il n'arrivait souvent pas à gérer. Lui qui ne voyait jamais entre les lignes pas plus qu'il n'avait conscience des dégradés de couleurs qui se trouvaient entre le noir et le blanc.
Peut-être est-ce pour ça qu'il fut si surpris de sentir la main de la jeune femme sur sa joue. Et peut-être est-ce également pour ce geste que la surprise vint se peindre si facilement dans son regard. Là encore, son esprit semblait être recouvert d'un puissant voile blanc. Quelque chose qui ne lui permettait pas de mettre des mots sur cette situation. Quelque chose qui l'empêchait vraisemblablement de bouger alors qu'il sentait la main de la jeune femme glisser jusqu'à son cœur ; que le parfum de son corps venait se mêler au sien dans ce geste d'une infinie tendresse.

Tendresse qu'il fut à peine capable de rendre, si ce n'est que son regard avait terminé de fixer des points invisibles pour se concentrer sur la jeune femme. Elle qui changeait de sujet de conversation comme pour le protéger. Ça devait être l'inverse normalement, bien qu'il n'en fasse pas la remarque.

Et puis, cette habitude revint. Celle de garder le silence pour toute réponse. D'offrir des gestes plutôt que des mots alors qu'il attrapait les médaillons pour les glisser autour de son cou, prenant soin de ne pas y coincer de mèches de cheveux. Prenant soin, quelques instant, infimes secondes, de laisser ses doigts glisser le long de sa peau. Touché chaste qui se termina lorsqu'il eu fini sa tâche et qu'il reposa ses main sur ses genoux. L'observant encore, l'écoutant sûrement. Alors que dans le silence seul un léger sourire vint illuminer les traits de son visage.

Kassie était si prévisible qu'il n'aurait même pas du être étonné de savoir qu'elle préférerait être partout plutôt qu'ici. Et surtout, quelques marches plus bas. Dans un univers qui était le sien, au milieu d'affaires qui étaient les siennes. Et si les mots disparaissaient, les pensées semblaient être en accord alors qu'il descendait délicatement la valise du lit avant de se rapprocher de la jeune femme.
Lui prenant la main pour l'aider à rester stable avant de la lever du sol, de l'installer dans ses bras ; d'enrouler ses jambes fines autour de sa taille.
Son bras vint assurer sa prise sur le dos de la jeune femme et si la descente allait s'avérer difficile avec une seule main de libre, il ne doutait pas que la jeune femme lui offrirait la main qui lui manquait pour arriver en bas de cette échelle.
A tout le moins, le peu de force qu'elle avait les empêcheraient sûrement de finir les quatre fers en l'air.

Un fois un pied, puis l'autre dans la valise, la descente fut sûrement plus longue que ce qu'elle était d’ordinaire. Principalement parce que trouver ses appuis en maintenant une seconde personne avait quelque chose d'un peu handicapant, même quand on était lui. Mais le sacrifice d'une fierté de tout faire vite et bien ne devrait pas marquer la jeune femme alors que ce furent quatre pieds qui rencontrèrent le sol avec douceur.
Presque aussitôt, bien qu'après s'être assuré qu'elle n'allait pas terminer par terre ; il laissa s'installer la distance entre eux. Pour lui permettre, très certainement, de profiter de son jardin secret comme si elle était seule. De l'arpenter, une nouvelle fois comme si c'était la première et de redécouvrir, sans doute, ce lieu qui la reflétait si bien.

Il la connaissait, celle dont le coma avait été si long. Savait aussi que, malgré les apparences, elle avait souvent besoin de faire les choses seule ; d'avoir du temps pour elle. De prendre le temps de se retrouver et de retrouver ses pensées. Viendrait plus tard, peut-être, le temps des échanges. Celui qui nécessiterait qu'il trouve une force nouvelle pour mettre des mots sur tant de mois, tant de jours et tant d'heures.

Londres - Sainte Mangouste ֍ Tandis qu'elle posait le pied par terre et s'approchait de cette bulle familière, Eiji gardait le silence. Comme à son habitude, il n'avait jamais un mot inutile ou un mot de trop, il la laissait simplement faire en gardant un œil sur elle et sur ses mouvements. Un peu à la manière de ce que les moldus occidentaux nomment un ange gardien. Même si, clairement, il doutait que ces mots puissent lui être appliqués.
Il observa rapidement Nadish glisser le long de Kassie avant de rejoindre le sol ; tout comme cet univers, le Basilic lui était devenu familier et le voir évoluer sur le sol, venir en sa direction lui arracha un léger sourire. Le Serpent sembla satisfait de continuer sa route, cette nouvelle liberté regagnée et le nippon reposa ses yeux sur la verte et argent alors qu'elle annonçait l'abandonner pour se rendre dans la salle de bain. Une nouvelle fois, un sourire vint se peindre sur son visage, accompagné d'un simple hochement de tête alors qu'il se dirigeait vers les placards. Il la connaissait assez pour savoir que le mot 'rapide' n'avait pas le sens qu'il devait avoir lorsqu'il était associé aux douches de la jeune femme.

C'est ainsi que tout naturellement et dans une certaine lenteur, il s'attacha à sélectionner la meilleure variété de thé possible. Ouvrant les boites il prenait plusieurs secondes pour humer les épices qui s'en dégageaient afin d'avoir la juste boisson à proposer à la jeune femme. L'art du thé était un héritage qu'il avait appris très jeune, de même que les cérémonies même si il ne comptait pas en faire une présentement. Il s'attachait uniquement à choisir la variété qui ne serait ni trop douce, ni trop forte pour quelqu'un qui se relevait doucement de plusieurs mois sans mouvements. Et ce ne fut que lorsqu'il fut satisfait de sa trouvaille qu'il jeta un regard vers l'autre bulle couverte de buée. Comme si il analysait le temps qu'il lui restait pour que le breuvage soit prêt pour l'arriver de la jeune femme, il commença à faire chauffer l'eau, séparant les feuilles d'un autre côté afin qu'elles puissent dégager leurs arômes plus facilement. Il n'y avait rien de pire, selon lui, qu'un thé insipide dont les anglais avaient le secret.

Lorsqu'elle revint de sa scéance, ce fut le moment qu'il choisit pour déposer théière et tasses sur le comptoir. Et ce, comme si il avait toujours su le temps exacte qu'elle prendrait. Ce n'était pas le cas bien évidemment, sinon il aurait eu terminé un peu plus tôt afin de laisser l'infusion se faire ce qui lui aurait permit de servir une tasse fumante à la jeune femme.

« Mariko m'a demandé d'emporter quelques provisions mais il me faudrait un certain temps de préparation. »

Et tout comme il parlait, il dégageait déjà sa pochette magique des pans de son kimonos, la déposant sur la table pour appeler à lui certains des ingrédients que sa grand-mère avait préparé. Pas que pour lui d'ailleurs. Puisqu'il n'était pas le seul à vivre loin de leur île.
Il déposa certain des mets derrière lui, en ignorant d'autres avant de sortir plusieurs boites qu'il posa sur le comptoir, non loin de l'endroit où la jeune femme avait poser son postérieur.

« Ses nerikiri sont délicieux si ça peut te faire patienter... »

Ouvrant l'une des boîtes et ignorant les deux autres, il dévoila tout un assortiment de patisseries japonaises. Chacune des petites bouchées avait sa propre forme, sont propre style et il indiqua rapidement celle dont il parlait. Nul doute que c'était celle qui attirait le plus l'oeil. De couleur rosée, elle représentait une fleur mauve et blanche et était entourée d'une feuille de cerisier. Clairement, si on pouvait genrer les patisseries, cette dernière semblait appeler les femmes à la déguster et il ne doutait pas que la boite réservée à Kaneko devait en contenir bien plus que la sienne et celle de son cousin. Mariko était ainsi, elle savait exactement ce qui plaisait à chacun et si tous disposait de tout, les quantités étaient radicalement différentes d'un bento à l'autre.

Pour sa part, il se contenta d'un simple Yokan, une sorte de pâte de fruit étonnament rafraichissante avant de se retourner vers les sacs qu'il avait déposé sur le comptoir.

« Tu es certaine de pouvoir avaler plus d'une bouchée de nourriture ? »

Non pas que ça l'ennuyait de cuisiner, même si d'ordinaire, c'était plutôt Iwao qui s'y collait. C'était plus pour avoir une idée des quantités pour tout avouer. Parce qu'il ne servait à rien qu'il se lance dans des choses qui demanderait plus que trois ingrédients si c'était pour finir par être laissé de côté. Le gaspillage alimentaire très peu pour lui. Où disons plutôt que ce serait les seuls éléments qu'il pourrait partager avec ses cousins et il doutait clairement que l'un des deux apprécie qu'il ne leur laisse rien... C'est que la qualité était radicalement différente entre ce qui venait de l'île et ce qui venait ici.

Le flot de ses pensées fut cependant arrêté par les paroles de la jeune femme et il en profita pour se retourner vers elle, l'observant en fronçant légèrement les sourcils. N'avait-elle pas autre chose à penser que l'entrainement pour le moment ? Où refusait-elle simplement d'y penser ?

« Il va falloir attendre un peu pour reprendre, précipiter ton corps pourrait produire l'effet inverse. »

D'un côté, il pouvait comprendre cette envie, cette hâte de vouloir tout remettre en ordre et de reprendre le court de sa vie. De faire en sorte que rien n'était vraiment arrivé, du moins physiquement. Mais si l'esprit pouvait être prêt, le corps pouvait ne pas l'être et ce n'était pas qu'une question de muscles.
Peut-être devrait-elle plutôt essayer de voir ce qu'elle avait perdu comme ressources ces derniers mois avant de vouloir reprendre avec un professeur comme lui. Le genre de professeur qui ne laissait jamais rien passé et poussait souvent les limites au bord de ce que beaucoup penserait être acceptable. Et si c'était ainsi qu'il avait appris et que tout son clan avait appris, il savait aussi qu'aucun de ceux qui suivaient ce genre d'entrainement n'avait été blessé ou alité longuement quelques semaines avant.

Non, pour ceux à qui ce genre de chose arrivait, il fallait souvent plus de temps. C'était frustrant très certainement mais une rééducation est souvent nécessaire que les transformations du corps soient importantes ou non.

Londres - Sainte Mangouste ֍ Tout en laissant planer ses idées sur quelques préparations culinaires qu'il pourrait proposer, il attendait la réponse de la jeune femme. Sachant, au fond, qu'elle mangeait aussi peu qu'un oisillon et que trop en faire ne règlerait pas la question où empirerait le problème si elle se décidait à faire trop d'honneur à ce qu'il préparait. La surprise fut donc moindre quand il entendit sa réponse et en profitait pour se retourner, attrapant quelques ustensiles dans les placards pour s'atteler à quelque chose de simple et léger ; une soupe miso réglait souvent bien des problèmes sauf en ce qui concernant son insistance à reprendre le sport. Eiji pinça les lèvres alors qu'il attrapait un bout de tofu perdu dans les boites que sa grand-mère avait préparé. Il doutait sincérement que se remettre à l'entrainement où à une quelconque activité soit un sujet qui devait venir en premier. Mais d'un autre côté, il était exactement pareil et n'entendait jamais raison sur la question. Un rouleau compresseur en forme de temple qui l'envoyait à l'hopital pouvait bien lui tomber sur le coin de la tronche que le jour d'après il serait déjà en train de reprendre une activité physique. Se reposer sur ses lauriers n'étant pas dans ses capacités.

Il n'ajouta rien cependant, opinant tout juste du chef alors qu'il donnait l'impression d'être en pleine concentration sur les aliments qu'il alignait sur le comptoir, tel un autiste qui à un besoin compulsif que tout soit aligné. Ou bien était-ce pour meubler son absence de réponse concernant les frères de la jeune femme et l'apprentie auror qui lui donnait de l'urticaire.
Au fond, il savait très bien pourquoi il ne répondait pas. Parce que ce serait avouer qu'il avait tout planter là pour aller s'occuper d'autre chose. Il n'avait pas été capable de supporter sa propre incapacité à la ramener indemne de cette expédition et ça restait encore gravé dans sa mémoire. Les mouvements des corps, les ruines, le cercueil et tant d'autres choses encore. Kaneko contre un mur, Matthew qui ploie sous une pierre qui chute du plafond, Iwao qui vient les en sortir et l'ombre de son oncle qui apparaît avant qu'il ne sombre. Autant de petits détails qui n'ont de cesse de venir le harceler dés qu'il y pense. Le pire étant sûrement Kassie sur un lit d'hopital...

Ne la regardant pas, comme si il avait l'impression qu'elle pourrait comprendre le fond de sa pensée d'un simple coup d'oeil. Il fallu qu'il entende la tasse se briser sur le sol pour qu'il daigne enfin l'observer. Le mouvement fut vif alors qu'elle criait déjà et qu'il faisait le tour du comptoir ; passant devant le basilic qui sifflait de toutes ses forces dans une langue qu'il ne comprenait pas. Mets et ustensiles avaient ainsi rejoints comptoir ou sol dans un bruit proche de la cacophonie alors qu'elle hurlait plus encore. Un simple non. Un non si profond qu'il en arrivait presque à lui retourner les entrailles avant qu'il ne prenne ses épaules entre ses mains, la faisant tourner sur elle-même pour observer ce visage définitivement caché à sa vue. Kassie semblait être partie ailleurs et un élan de panique, car ce ne pouvait être de la simple inquiétude, le poussa à passer ses mains dans le dos de la jeune femme. Comme si l'enlacer, la serrer entre ses bras en appelant son nom était la seule chose à laquelle il pouvait penser. La seule chose qui serait peut-être capable de la faire revenir dans un endroit où il pouvait se tenir. Comme si le calme d'une étreinte désespérée de la perdre encore réunissait tous les pouvoirs. Les maux de l'esprit étaient pires que ceux du cœur ; car le cœur pouvait mourir là où la conscience ne pouvait faire que partir.

Elle ne pouvait pas partir. Pas dans un endroit où il ne pouvait pas la suivre, dans des méandres qui rendraient une rencontre impossible. C'était l'étreinte d'une peur profonde, un appel d'outre-tombe qui hurlait restes avec moi, je suis là ; ne t'en vas pas...

Londres - Sainte Mangouste ֍ C'était une fraction de seconde si forte, si intense, si violente qu'il ne savait même pas comment l'accueillir. Simplement peut-être alors qu'il l'enlaçait comme pour rester près d'elle à jamais. Pour ne plus la laisser s'envoler, s'échapper, glisser dans un endroit où il ne pourrait pas s'inviter. Au fond, il avait mal pour elle presque autant qu'il devait avoir mal pour lui. Mais sa douleur personnelle n'entrait pas en ligne de compte, elle n'entrait jamais quand il s'agissait de Kassie. Ou bien elle le frappait d'un coup et toutes les émotions qu'il enfouissaient si profondément refesaient surface d'une manière désordonnée qui le laissait complètement hagard. Incapable de penser, de rationnaliser. Tout chez elle était intense et tout rendait ses moindre mouvements plus intense encore ; l'empêchant d'analyser, de calculer et de prévoir ce qui viendrait ensuite.
Il en avait prit l'habitude avec le temps, une simple habitude ; même si ça le surprenait toujours qu'elle soit capable, en un battement de cil, de le destabiliser, de lui faire oublier tout ce qu'il connaissait ou croyait connaître pour ne laisser que de sombres réflexes qu'il n'avait jamais appris.

L'enlacer, la tenir contre lui, passer ses mains dans son dos, dans ses cheveux et sentir son visage au travers du tissu qui lui recouvrait le corps. Tenue traditionnelle qui accueillait trop souvent des élements pour lesquels elle n'était pas faite. Il y avait de la tendresse peut-être, sûrement, même si au fond, c'était plus du désespoir qui le faisait se lier à elle ainsi. Une peur sourde qu'il n'arrivait pas à retenir alors que le visage de la jeune femme quittait son torse, lui faisant rater un souffle alors qu'il observait ses larmes qui roulaient sur ses joues.
Il connaîssait ce sentiment, celui d'avoir mal pour elle sans être vraiment certain que quoi que ce soit qu'il fasse, qu'il dise ou qu'il bouge ne pourrait vraiment la soulager.
Il ne pourra que passer ses doigts sur les perles salées, une fine ride apparaissant sur son front alors que leurs regards se sont trouvés, qu'il s'est perdu dedans l'espace d'un instant. Pour oublier. Oublier ça, tout et le reste encore plus.

Et tout comme il accueille la plupart de ses forces et de ses faiblesses, il accueille son baiser avec une ferveur étonnante comme si sa propre vie ne tenait qu'à ça pour le moment. Elle était tout, ou presque ; assez en tout cas pour qu'il soit capable de se comporter comme ça. De resserrer une étreinte de manière encore plus forte et plus proche qu'elle ne l'était déjà. Un souffle pour une vie, un baiser qui vous fait perdre le sens de la réalité pour en ouvrir une nouvelle alors qu'il finira par passer une bras sous ses jambes, gardant l'autre dans ses genoux.

A regrets, quelques secondes encore, il sera dans l'obligation de quitter ses lèvres avant de pouvoir la déposer sur le lit sans prendre la peine d'ouvrir les draps. Il en oubliera même de retirer l'ensemble de ses effets avant de s'allonger à son tour pour poursuivre cet échange.
Un dont il a sûrement rêvé dans ses nuits calmes et sans cauchemars ou un qui lui a certainement manqué ; juste un baiser, une passion de l'instant ; quelque chose qui oscille entre la ferveur, la douceur, le contrôle et l'abandon. Juste un baisé pour la garder, reprendre pied ; se sentir soulagé ?

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Londres - Sainte Mangouste ֍ Un nom, trois mots. Un cœur, sept lettres. Un corps, un être. Une personne qui prend place à côté de vous, dans votre vie et dans vos pensées. Quelqu'un que vous n'aviez pas vu venir, que vous ne pensiez jamais regarder. Pas même après avoir partagé une danse obligée lors d'un bal de Noël. Parce que ça n'existait pas dans votre monde, parce que ça n'existait pas dans le sien. Là où les mots sont annonces de morts, de plans, de buts et de moyens pour y parvenir. Là où l'éducation termine dans le sang, dans cette même mort qui n'a de cesse de revenir. Là où il n'y a rien d'autre qu'un devoir, quelque chose qui vous colle à la peau et qui résonne dans votre tête sans jamais s'arrêter.
Là, juste là ; il est né autre chose. Pour elle. Quelque chose qui à doucement pris sa place au milieu du reste, une dangereuse faiblesse qui n'a de cesse de revenir à votre esprit, comme une drogue lente qui se distille et que pourtant, vous appréciez. Un peu trop certainement, toujours trop sûrement.
C'est une chose de le savoir, une autre que de l'accepter, une autre encore que de devoir vivre avec cette nouvelle couleur dans votre réalité. Et pourtant, c'est si simple maintenant qu'il est au creux de ses reins, que sa peau est parcourue de ses mains. Une évidence dont il ne se lasse pas. Dont le simple contact des doigts met les sens en éveil.

Il n'y a rien qui peut le décrire. Pas de mots qu'il cherche non plus alors que les lèvres se rencontrent à nouveau dans une danse passionnelle, que l'étreinte se fait plus forte comme éperdue. Telle l'envie qu'il a de ne plus se détacher d'elle, de ne plus la perdre à nouveau ou d'en avoir la sensation. Elle ne doit pas lui échapper. Parce que son cœur ne résisterait pas ; c'est ça la réalité. Elle est le danger dans toue sa vie, une personne dont il devrait se protéger mais de qui il n'a pas appris à se méfier. Tout ce qui la touche crée une brèche qui pourrait grandir un peu plus chaque jour jusqu'à engloutir de ce qu'il est, tout ce qu'il fait ; tout ce qu'il protège. Et pourtant, dans ce tout ; elle est présente aussi. Elle a sûrement toujours été là, quelque part même avant qu'il ne la voit. Même avant qu'il ne la cotoie ; puisqu'elle s'est si bien glissée dans sa vie qu'elle à toujours sembler y avoir une place.
Tandis qu'il l'embrasse sa main retrace les contours de son visage, jouant dans ses cheveux avant de rejoindre son cou et de continuer sa descente le long de ses clavicules, des formes de sa poitrine et de la courbe de ses hanches. Continuant une visite dont les sensations semblent être capable de se décupler sous la tension qui règne dans ses muscles.

C'est plus qu'un appel, plus qu'une passion charnelle ; c'est bien plus profond et ça nait de bien plus loin. Dans un lieu qui leur appartient. Parce que le reste n'est pas, qu'il est mort comme toujours. Que le souffle de leur vie, celui qui se mélange maintenant, est tout ce à quoi il se raccroche pour le moment. Un moment de plaisir, de tendresse, une folie dirait certains ou bien un besoin. Celui de sentir ce que ressent l'autre, celui de sentir ses frissons, cette peau brûlante qui n'a de cesse d'appeler au toucher. Il y a longtemps qu'il est damné, un peu plus ; un peu moins, ça ne fera plus de grande différence. Elle est à lui, il est à elle ; c'est un fait qui ne peut plus bouger. Pas quand on est comme lui, incapable de beaucoup et capable du pire en même temps. L'être cartésien qui se décide une fois pour faire un choix et qui ne s'en revient jamais. Ne s'en détourne jamais. Un choix. Elle est son choix, un peu plus chaque jour même quand elle n'est pas là. Elle est le choix qu'il a fait, celui de l'ajouter à cette famille, ce clan, cette vie qui est la sienne. Si seulement vous saviez tout ce que sa signifie pour lui ; plus que tout. Plus que beaucoup.

Elle est unique, elle est l'unique.

Ses muscles se crispent un peu plus sous l'effort, sous cette tension palpable qui fait naître de nouvelles sensations. Des impressions de déjà vu pourraient se glisser ici et là même si ça semble pourtant être la première fois. Le souffle de Kassie qui se mèle au sien, les regards qui passe par instant et s'éternisent à d'autres comme pour s'assurer qu'ils vont bien vers le même monde où qu'ils sont bien là où ils sont.
Il n'y a plus rien d'autre dans son esprit. Le reste est un manteau blanc parsemé de taches noirs, tels que sont les étoiles de la folie et de l'envie. Il resterait bien ici, un jour, une heure ou même toute une vie ; à la sentir bouger contre lui, respirer près de lui ; se donner à lui. Tout comme il se donne à elle ; eux si peu doués pour s'exprimer ne le font jamais mieux que dans ces instants hors des tranchées. Ils sont un dans cette danse aux mouvements coordonnés. Une seule personne dans cette communion.
Ses yeux semblent se fermer quand il détache leurs lèvres pour mieux enfouir son visage dans son cou, il sent ses mains le long de son dos qui remontent vers sa nuque, imprimant une pression salvatrice qui lui fait perdre pied. Son esprit se déconnecte de toute les réalités et disparaît lentement dans un autre univers ; tout son corps basculerait presque si il n'était pas si proche d'elle ; sa bouche rencontre son cou, jouant de baiser sensuels qui deviennent plus saccadés ; de même que ce souffle extatique qui le parcourt et se fait de plus en plus court. Jusqu'à disparaître dans un dernier effort, un dernier pas de danse qui le laisse à bout de tout, quelque part entre ici et ailleurs ; totalement ébété alors que son visage quitte sa peau pour aider son regard un rencontrer celui de l'autre, a permettre à leurs lèvres de se rencontrer à nouveau ; quelque part... Ailleurs encore, sûrement.