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Tendue, jusqu'au point de rupture. Si tendue qu'elle avait eu grand peine à répondre à son cousin. Si bien qu'elle ne savait plus trop ce qu'elle lui avait dit et qu'elle ne s'en était plus inquiétée quand elle avait vu Melissandre entrer dans le pub anglais et se diriger vers Etienne.
Si plus tendue était possible, c'était sûrement ce qu'elle était devenue à l'entrée de cette nouvelle vélane. Mais ce n'était pas tant sa nature qui avait provoqué cet état que ses paroles. Ils... Qu'importe les « ils ». Elle n'avait retenu que « attaque » et « manoir Ollivander ». Les souvenirs des mots de sa petite sœur revinrent dans son esprit alors qu'elle l'entendait clamer, toute pimpante, qu'elle allait à l'anniversaire de Kassie...

Tendue et droite à peine la vélane eut-elle terminé de parler.

« Transplane moi. »

Un ordre qui, vu son visage, ne laissait pas grand doute sur l'urgence qu'elle ressentait en attrapant le bras d'Etienne comme un automatisme. Elle n'aura pourtant aucun autre regard pour lui jusqu'à ce qu'ils se retrouvent tous devant les grilles du manoir. Ils y seront entrés au bout d'un moment et c'est baguette en main qu'elle entrera dans ce parc, un regard déterminé sur le visage. Pas le temps de faire des tours et des détours, il fallait juste entrer ; jusqu'à ce que...

Irina se figea dans la nuit. Relevant ses yeux vers le ciel et cette lune si pleine. Son sang ne fit qu'un tour en entendant le hurlement déchirant qui suivi celui du loup. Personne ici bas, n'a jamais dû la voir comme ça. Elle si légère, elle si tête en l'air. Comme ça, elle ressemblerait presque à son père et à son frère alors qu'elle détalle sans regarder derrière elle. Le visage métamorphosé par toute la tension qu'il semble vouloir capter.
Sa course folle la conduit jusqu'à l'espace qui forme le pool house et quand elle entre en trombe, c'est pour trouver les deux étudiants inconscients sur le sol. Qu'importe ? Ce n'est pas ça qu'elle cherche, pas pour ça qu'elle tourne la tête dans tous les sens. C'est pour...

Un rire dans son dos la fait se retourner et tendre le bras, pointant ainsi sa baguette sur la femme-enfant qui jette de la viande dans la pièce. Irina aura un temps d'arrêt. Juste assez pour la laisser filer  sans être certaine d'avoir bien tout compris. Elle aura du mal à faire retomber son bras quand enfin, elle croisera le regard de Etienne qu'elle semblait découvrir en l'instant. Il y a quelque chose qu'on ne connaît pas sur les traits de la jeune femme, elle qui retourne bien vite observer le reste de la pièce et qui s'approche pour s'approcher d'un bout de chair qui se trouve pas terre.

C'était une mauvaise blague, n'est-ce pas ?

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Est-ce qu'elle avait oublié qu'elle était infirmière ? Peut-être un peu. Car d'ordinaire, elle se serait ruée sur les personnes qui étaient à terre. Ne serait-ce que pour s'assurer qu'ils allaient bien. Mais, cette fois... C'était comme si ils n'étaient pas là. Elle l'avait entendu une première fois, elle avait vu la lune dans le ciel, elle qui dessinait un cercle si parfait. Et ça recommençait ? La baguette toujours bien en main et après avoir écarté un bout de chair du bout de sa chaussure, elle était prête à s'engouffrer dans la nuit.
Il n'avait tenu qu'à cette musique grésillant qui s'était élevée de la retenir. Ca et... Les photographies qui commençaient à tomber.

Du bout des doigts elle en attrapa une, puis une autre ; laissant les images glisser sur ses rétines. Des image d'elle, d'eux, des autres, de personnes qu'elle ne connaissait pas. De souvenirs qu'elle partageait avec le professeur français. Même celui-là, dans ce parc... Celui-là... Le polaroïd fut broyé sous ses doigts avant qu'elle ne le balance sur le sol. Tout ceci n'avait aucun sens, cette mélodie, ces photos... Est-ce que c'était pour les retenir ? Pour les faire frémir ? Leur faire peur... La peur, elle nait ailleurs. Putain d'hybrides ! Toujours là où il ne faut pas ! Figée dans une demi-réalité dans cette pièce où une neige d'image lui tombe dessus, elle se remettra à fixer la porte d'où la femme s'est échappée. Elle aussi, elle irait bien courir dans la nuit...

Un pas, il n'y a qu'un pas mais... Irina crispe la mâchoire pour se retourner vers les deux gamins. On devrait les sortir de là, non ?

« Comment ça a commencé ? »

Elle ne sourit pas là, Irina.

Chérie, tu es sûre que ça va ? On dirait que tu vas te transformer en machine à tuer. Toi aussi, tu as un petit côté harpie ? Tu l'avais pourtant bien caché !

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On dirait pas comme ça, vu qu'elle fixe la porte, baguette en main. Mais elle les écoutes décrire ce qu'il s'est passé.

« Zoé? » De Mieville. Elle la connaissait assez pour lui avoir courru derrière dans tout Beauxbâtons afin de lui refiler des protections contre certaines pratiques. En revanche, entendre que c'était-elle, ne faisait pas de sens et elle tourna sa tête vers Etienne l'air interdite. Elle aurait bien répodu que c'était impossible, que la jeune fille devait avoir eu une hallucination mais son esprit fut une nouvelle fois arrêté en cours de réflexion. Et ses traits se tendirent un peu plus encore si c'était possible.

L'explosion d'une photo, puis de deux, puis de nombre d'autre et ce hurlement. Son sang ne prit même pas la peine de repasser par ses pieds, pas plus qu'elle ne regarda derrière elle.

« Madeline... » Et la voilà en train de se ruer vers l'extérieur en faisant peu cas des endroits qui étaient touchés. Les jambes, assurément. Et sûrement les bras, le visage vu ce qui continue de tomber et en fonction du résultat du dé. Mais elle ne pense pas là Irina, la connexion ne va que dans un sens. Hurlement, pleine lune, sœur.

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Pas le temps de réfléchir, pas le temps de regarder en arrière et pas le temps de panser les blessures, encore moins les siennes et pourtant ; elle aurait bien pu finir à moitié aveugle ! Mais ça n'a aucune espèce d'importance puisque ce sont les réflexes qui lui remonte le long de l'épine dorsale. Elle aura cependant un temps d'arrêt devant le corps en flammes qui tombe non loin d'elle mais... Le reste. Le hurlement, la lune, le cri de Madeline ; ça efface tout et elle n'aura même pas un regard vers le manoir. Tout comme elle ne prêtera pas attention aux sons qui viennent de la piscine. Il n'y a que Madeline. La Lune, le loup et Madeline. Et ce saule vers lequel elle détalle comme un lapin en retard !
Du sang ? Des explosions ? Où ça. La douce Irina n'est pas là. Elle ne rit pas. Elle ne trouve pas ça beau. Et elle ne veut même pas que ça le devienne. Demain, plus tard ; elle fera comme si ça n'existait pas.