Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Du haut de son perchoir, Eiji observait les hauts murs du palais impérial. Si on y repensait, la seule présence de ce palais était une insulte faite au nez et à la barbe de tout un clan, et ce, depuis des générations. Il y avait bien eu quelques cataclysmes qui avaient frappés la bâtisse depuis la chute des derniers Tokugawa mais rien ne semblait décider la famille impériale à bouger d'ici. Un comble quand on savait que le palais impérial se trouvait situé sur les ruines du Château d'Edo. Château où était né la dynastie Tokugawa.
Eiji aurait pu avoir un sourire mauvais à ainsi fixer le bâtiment, il aurait pu trouvé ironique de rester discret dans un lieu qui, techniquement, était le leur... Et peut-être que c'était bien là ce qu'il pensait alors qu'il descendait de son toit sans avoir manquer de plisser légèrement le nez dans un signe proche du dégoût.

Les ombres ne s'étaient pas encore totalement installées, la soirée étant jeune. Pourtant, il avait bien passé toute la journée dans les jardins ; donnant l'impression de déambuler parmi les moldus venus visiter l'endroit. Après tout, c'était sûrement le seul endroit où il ne fallait pas montrer patte blanche en ce lieu. Pour ce qui était des bâtiments plus intéressant... Il avait toujours fallu un nombre incalculable d'autorisation pour y pénétrer. Être sorcier ne suffisait pas à passe l'ensemble des barrières érigées ; après tout, c'était le palais de l'empereur et si c'était aussi le cœur de la politique japonaise ; ça n'en restait pas moins un lieu où on ne rentrait pas comme dans un moulin.

Le jeune homme, vêtu de son traditionnel costume bleu eu un léger sourire alors qu'il s'avançait dans les jardins. Imitations parfaites de ce que s'attendrait à trouver un touriste. Mais débattre sur le décor environnant n'était franchement pas son style, ni sa préoccupation du moment alors qu'il tournait au coin d'un petit bâtiment.
Car si la famille impériale était une grande famille de sorciers, ceux qui vivaient ici avant l'étaient tout autant à leur époque. Et vue que des ruines étaient toujours présentes... Les passages protégés qu'elles refermaient aussi.
Certains avaient été trouvés depuis le temps ; la majorité en vérité. Mais tant qu'il y aurait un Tokugawa à la tête d'un certain clan, l'un d'entre eux resterait un secret.

Jamais emprunté car on considérait qu'il serait la seule entrée le jour où les signes leurs seraient favorables, c'était pourtant ce coin précis du jardin qu'il souhaitait trouver. Ça ne les empêcheraient pas, lui et sa cousine de devoir passer les barrières magiques qui séparaient les deux mondes -moldus et sorciers- mais ça leur éviterait tout un lot de contrôle pendant quelques instants. Juste le temps que la lumière ne baisse encore d'avantage et que les corps se retrouvent dans leur meilleur élément.

Kaneko n'était pas loin, elle n'était jamais loin. Il le sentait, comme si son âme se complétait. Et la jeune femme, grâce silencieuse, ne tarda pas à arriver à la périphérie de sa vision.
Un sincère signe de tête salua son arrivée, elle à qui il avait fait quitter son poste à l’hôpital le temps de cette mission.
Sûrement aurait-il pu le faire seul, ou bien se contenter de la présence d'Iwao mais, malgré la chute de Chronos, Iwao devait continué à faire ce qu'il faisait de mieux. Et pour cette mission, ce serait prendre la place de sa sœur près d'un lit d’hôpital.

Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Mettre un pied ici, c'est un peu comme entrer dans tout un pan de l'histoire. Une histoire que les livres conte toujours, qu'ils soient manuels moldus ou écrits sorciers. Celle de tout un pays, de toute une dynastie. Il y aura des différences notables, bien entendu, entre ce qui fut et ce qui est inscrit. Des différences aussi entre ceux qui savent la magie présente et ceux qui ne font qu'en rêver en lisant des ouvrages mal rédigés. Pour eux, ce sera l'histoire d'une traîtrise qui conduit à la perte. Un doux euphémisme quand on sait que même eux, grand clan de l'histoire nippone, avait aussi été des traîtres pour pouvoir s'installer sur ce pouvoir. Mais ça, c'est un pan de l'histoire que l'on ne voit pas comme ça. Ils ont régné des décennies, ont été annihilés en quelques années. C'est tout ce qu'ils ont retenus et c'est comme ça qu'on les as élevés. Dans une idée de vengeance latente, de retour à la grandeur, de gloire passée et perdue aujourd'hui.

Imitant sa tendre cousine, le jeune homme se faufila silencieusement dans le passage resté secret. Au fond de lui, il ne savait pas trop ce qu'il ressentait pour cet endroit. Il n'avait jamais approché le palais d'aussi près, si ce n'était sous forme de plan où dans des rêves qu'on lui avait sûrement chuchoter à l'oreille. Mais après tout, ce n'était pas son rôle que d'être là, d'autres le tenait déjà. A commencé par son oncle, Akihito et par le fier compère de celui-ci ; père d'un être abandonné par tout un clan, oublietté sans ménagement ; annihilé lui aussi pour le bien du plus grand nombre. Il n'aura qu'une pensée fugace pour tout ceci alors que leurs pas ralentissent dans cette pénombre qu'ils affectionnent tant. Comme elle, il aura sans aucun doute entendu ce qui se dessinait plus loin. Comptait peut-être déjà le nombre de pas, de voix, de respirations bruyantes alors qu'ils disparaissaient dans les hauteurs d'un simple mouvement, leurs regards perçants vissés sur l'endroit d'où provenait les bruits.

Accroupi entre les pans de bois qui formaient le toit, Eiji posa ses mains sur le mélange de tuiles, de bambous et d'or qui l'ornait. Sans quitter des yeux l'origine des rires, il passa une main à l'intérieur de la soie bleue qui composait son vêtement, attrapant du bout des doigts un triangle brodé de noir qu'il passa autour de son visage. Bien qu'il ne soit jamais venu en ce lieu, il avait tout de même eu la mauvaise idée d'être vu, quelques mois plus tôt, en tant qu’interprète. C'était aussi une façon de dire qu'il était lui sans être lui. Quand on se fondait dans le décor jusqu'à en faire disparaître ses traits, alors nous n'étions plus qu'une arme. Quelque chose qui avait une volonté propre et qui s’abattrait sur tout ce qui lui barrait la route.
Eiji compta encore, le rire aiguë, celui plus grave. Cette voix qui relance ce qui doit être un blague. Un, deux, trois... Cinq, peut-être ?

C'était toujours trop pour cet endroit et si les exclamations n'en finissait pas, il y aurait fort à parier que d'autres viendraient s'y joindre. Après tout, c'est ainsi que le monde fonctionne. Parles fort et devient entourés. Reste discret et tu seras plus souvent seul que mal accompagné.
Un regard vers sa cousine et le jeune homme sauta au bas de son perchoir. Loin de lui l'idée de tuer tout le monde la-dedans cependant. Les blesser était déjà un peu trop de son avis. Les incapacité pour qu'ils libèrent le passage, ça en revanche c'était tout à fait possible. Et puis, c'était également une manière de les remettre à leur place. Après tout, on ne parlait pas dans les couloirs habités par le clan et, raisonnablement, ici c'était chez eux avant. Le respect avant toute chose, n'est-ce pas ? Et se retrouver là, sur son chemin, c'était bien une preuve que l'on n'en avait aucun.

Un, deux, trois... Il les comptera encore comme ça alors qu'il tombe sur le sol à quelques centimètres des premiers. Sous son masque de fortune qui ne laisse apparaître que deux yeux noirs presque trop heureux de savoir qu'un corps va se dégourdir, il aura ce sourire caractéristique qu'il ne montre jamais.
Un coup ici, un coup là. La menace est lancée et l'action devra être vite exécutée. Après tout, on ne voudrait pas que le petit dernier de la bande s'échappe et aille prévenir ses autres petits amis. C'est qu'il serait de mauvaise augure qu'une course poursuite ait lieu dans cet endroit ! Surtout que, vraiment, ni lui, ni sa cousine n'étaient censés être dans cet endroit ! Imaginez un peu ce qu'en dirait   Akihito... Quant à Shiki qu'on croyait bannis... Non, vraiment, ce serait un sale quart d'heure même pour le chef de tout un clan !  

Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Quand on est comme eux, qu'on naît comme eux et qu'on vit comme eux ; silence est un ami cher qui permet de mieux se comprendre et de laisser les évènements se dérouler sans heurts. Peut-être est-ce pour cela qu'il n'y a jamais d'accrocs quand ils sont seuls... Parce qu'ils sont semblables, qu'ils marchent du même côté et sont un seul et même être, séparé en deux corps. Deux corps qui se meuvent en accord avec l'autre.
Il n'a jamais aucun doute concernant Kaneko. Il sait ce qu'elle est puisqu'elle est une part de lui. A moins qu'il ne soit une part d'elle. En vérité, il ne s'est jamais posé la question, il sait juste que si il y avait une personne à sauver dans ce monde, si il ne pouvait en sauver qu'une, alors ce serait sûrement elle ; certainement elle. C'est triste à dire, c'est dur aussi mais Kaneko est un univers si similaire au sien que sans elle, il ne pourrait tout simplement plus respirer. Le trou qu'elle laisserait dans sa poitrine en arriverait très certainement à la consumer. Du moins, est-ce sa pensée de l'instant parce qu'il sait qu'une seule autre personne est en mesure de faire vacciller cette réalité ; leur réalité.

Eiji ne soufflera jamais le moindre mots de ces pensées ; comme depuis toujours il les gardera enfouies sans jamais les nommées. Sûrement parce que sa cousine pense pareil bien qu'elle ait aussi un frère à protéger. Trois personnes sur une même pièce, unis pour ce qui est leur vie et qui pourtant, en viendrait bien à se déchirer si les évènements autour d'eux les amenaient à se séparer où à évoluer de manière différente. Ca s'est vu l'an passé, que tension pouvait devenir compagne de silence pour mieux les étouffer ; ou juste l'étouffer lui... La encore, il n'en dira jamais rien et gardera ce poids dans un nouvel endroit. Il le portera comme il porte le reste et se contentera d'avancer au creux de la réalité.

Une réalité qui, pour le moment, se résume à ce vieux château dont ils arpentes les couloirs. Des couloirs qui pourraient contenir les échos du passé si ils avaient été d'origine. Mais pour lui, ils ne sont que trompe-l'oeil construits sur des ruines. Des ruines d'un passé ancien dont le sang coule encore dans leurs veines. Eiji ménèra la route dans ce silence de mort, l'air immobile malgré cette avancée certaine qui ne laisse pas place au doute. Il ne mesurera pas le temps qui passe alors que les pierres se ressemblent toutes, jusqu'à ce qu'il croise quelque chose qu'il ne s'attendait pas à trouver là.
Plus loin dans les ombres, on aurait presque l'impression de sentir une lumière, ou une chaleur. Elle semble se dégager des murs alors qu'il coule un regard vers l'âme sœur qui évolue près de lui.

Il faudra quelques minutes pour que la distance soit réduite, juste quelques secondes pour qu'il analyse ce qui l'entoure et comprenne que quelque chose à changé. Les pierres ne sont plus les mêmes, comme si elles avaient été rajoutées. Pourtant, alors qu'il les touche, il remarque que les murs ne sont pas moins épais et n'ont pas l'air moins anciens.
Au bout de ce couloir qui semble changer a mesure qu'il devient plus étroit ou plus large, se trouvent plusieurs portes. Des portes closes entourées de runes...
Sous son masque, le nippon se mordille l'intérieur de la joue, il avait pensé à beaucoup de choses en venant ici. Pas que des sécurité aurait été nouvellement dressées. D'ailleurs, pourquoi étaient-elles là ?

Une, deux, trois... Comme si ce nombre se moquait d'eux qui n'étaient venus qu'à deux. Eiji aurait presque pu en rire si il n'était pas plus curieux de ce qui pouvait se produire. La route n'était pourtant pas si complexe dans ce dédale aux couleurs nippones ; la plupart des bâtiments étaient tous creusés et érigés avec la même logique qu'il y a mille ans. Alors pourquoi ces portes runiques qui semblaient les appeler, l'appeler. Comme si il y avait un son différent derrière chaque battant de bois... Et des runes, encore des runes ; il mettrait des heures à les déchiffrer. Enfin peut-être pas, mais il était certain qu'une autre personne ici, irait beaucoup plus vite que lui : regard d'un noir de jais à l'appui.

Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Des runes, des paires de runes qu'il la laissera décrypter dans ce silence qui leur va si bien. Lui qui d'habitude est le leader, celui qui reste devant et que l'on suit, dans ce genre de situation il sait s'effacer. Il aime s'effacer. Parce que contre toute attente, celui sur qui leur monde s'est posé, n'a jamais vraiment aimé être à l'avant-poste, être l'avant-garde aussi bien que l'arrière-garde. Il sait pourtant avoir été élevé pour cela mais, au fond, il aurait préféré que ce rôle aille à quelqu'un d'autre. Même aujourd'hui alors qu'il semble avoir fait la paix avec cette question qui l'accablait tant l'an passé.
Tout en laissant le champ libre à sa cousine, il notera ce qu'elle lui indique, réfléchissant pour lui-même au chemin qu'ils devraient empruntés. Et si, comme pour elle, l'évidence frappa ; il ne fut pas étonné de la voir prendre une autre porte.

L'espace d'un instant, il hésita ; restant à regarder les deux autres portes qui se moquaient toujours avant de prendre le parti de la rejoindre. Après tout, il lui avait promis il y a quelques temps, de ne plus se séparer d'elle et de ne pas la laisser en arrière... Il lui avait promis et c'est en équarquillant les yeux qu'il observa la porte se refermer vivement pour lui barrer la route. Il n'eut même pas le temps de faire ce dernier pas que le bois aurait presque pu venir lui chatouiller l'arrête du nez. Dans la dernière seconde qui marqua leur séparation, il eut le temps de voir son visage tourné vers le centre de la pièce et un air sur ce dernier qui ne lui disait rien qui vaille.

A son tour, il posa la main sur la porte tout en fermant les yeux. Espérant secrètement qu'elle s'ouvre au moment où il la pousserait pour révéler le corps de Kaneko. Mais un bruit venu du fond du couloir, lui fit tourner la tête et quitter les runes du regard. Eiji eut un froncement de sourcil avant de reporter son attention sur la porte en bois. Une douce pression s'installa rapidement au creux de son ventre alors qu'un sourire fin se dessinait sous le masque ; presque un rire. C'était tellement évident... Tellement attendu.
Faisant volte face, le nippon quitta la porte du puit pour prendre celle qu'il n'aurait jamais dû prendre. Du moins, en toute logique mais que voulez-vous, il semblerait qu'un certain chef de clan apprécie faire des folies où aime à penser qu'il va gagner du temps.

Du temps... Il en faut toujours. Ils sont déjà séparés, même si ce n'est que par un battant de bois, en revanche si l'intrus qui s'approche plus loin voit cette porte se refermer sur lui, ce serait deux ninjas qui seraient pris au piège.
Un sourire pour celui qui ne sait pas dans quelle condition se retrouve sa cousine. Celui qui ne sait pas le danger qu'elle court seule avec ce coquillage qu'il n'aura même pas vu. Un sourire pour faire quelques pas, laisser un pan de tissus derrière lui et ouvrir à la volée la porte centrale.

Il n'en faudra pas plus pour déclancher les détecteurs du sortilège. L'heure, c'est l'heure... Mais dans sa tête, il y a juste cette idée que prendre cette porte pourrait annuler ce qu'il y a derrière les deux autres ou juste laisser le temps à Kaneko de trouver ce pour quoi ils étaient venus. L'heure, c'est l'heure... Peut-être aura-t-il une chance de céder cette place qu'il a tant haït par le passer. Et si le chef tombait ? Dirai-t-on vive la cheffe ?
Un sourire pour celui dont le masque pourrait bien tomber alors qu'il laisse la porte se refermer, lui faisant face pour voir la personne qui avançait derrière eux. Un sourire derrière le masque, comme une aura qui s'étire.

Il la retrouvera ; peut-être pas là mais dans pas longtemps, juste le temps de lui faire gagner du temps...

Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Un battement cœur pour une porte qui se referme et quelques pas vifs pour se retrouver au centre de la pièce, circulaire elle aussi. Comme si tout dans ce château se devait d'être rond. Une métaphore peut-être de ce que faisait la famille impériale pour les peuples du Japon ? Arrondir les angles et courber l'échine devant le modernisme de l'Occident ? Il aurait pu en rire sous ce masque ; si celui-ci ne masquait pas déjà des traits durcis par l'observation du lieu.
L'alarme déclanchée continuait de lui vriller les tympans, masquant les sons à l'extérieur de la pièce alors que la porte par laquelle il était entré s'ouvrait à la volée.
Eiji fit un pas en arrière, posant son appui sur le sol avant de glisser une main dans le bas de son dos pour délier l'arme courte qui s'y trouvait, telle une amie qu'il ne quittait quasiment jamais.
Autour de lui, il a l'impression que le véritable mouvement se fait enfin alors que d'autres personnes arrivent, formant ce même cercle parfait. Petite armée de loyaux soldats aux airs mauvais sous leurs armures de pacotille.

Il y aura ce temps, infime ; où l'on se jauge. Celui où l'on a l'impression de voir le monde tourner à l'envers alors que l'on calcul mentalement la meilleure trajectoire à prendre. Celle qui n'ira pas trop vite cependant, car l'homme au centre de la pièce n'a pas oublié pourquoi il a poussé cette porte. Alors il en laissera un avancer, courageux parmis ses paires ou âme suicidaire. La lame de cet homme commence à fendre l'air alors qu'il entâme sa course solitaire vers le centre. Eiji bougera à peine quoi qu'il note que la technique n'est pas mauvaise ; un peu faible peut-être mais ce n'était sûrement qu'un test. Car bientôt le métal des armes prend son envol.
Être au centre implique que tout vient de chaque côté ; ne pas avoir de coin implique qu'on ne peut pas s'y cacher, belle ironie pour ceux qui vivent dans la nuit même si cette musique il la connaît déjà. Comme si ces pas, il les comprennaient déjà avant même de devoir participer. Il y a ce petit côté grisant à laisser les autres se fatiguer tout en se contentant d'esquiver ; même si les lames passent près de lui, un peu trop près parfois, comme si elles cherchaient à mordre la peau qui se trouve sous le tissus. Ce qui est sans doute le cas, n'en doutons pas. Après tout, c'est très cavalier que de pénétrer dans des lieux aussi bien gardés. Surtout par des entrées qui ne sont pas censées exister.

Déviant une lame menaçant les traits de son visage, Eiji semble s'accorder sur une vitesse bien modérée comparée à celle des hommes qui l'entoure. Eux plus nombreux et dont les assauts sont aussi forts qu'ils sont ordonnés. Il a pourtant appris à être rapide, puisque c'est l'une de ces clés de réussite autour de laquelle tout un clan gravite. Et c'est sûrement pour ça qu'il ne le fait pas. Comme pour cacher un secret dans un autre secret alors qu'un kunaï mord la manche de son kimono pour coutinuer sa course un peu plus loin.
Comme si il avait le temps où l'intérêt, il prendra le soin de pincer le bout de tissu déchiré entre ses doigts avant de regarder les hommes autour de lui.
Un... deux... Trois ; c'est une musique sans son qui commence à battre le rythme à ses oreille alors que sa lame brille enfin à la leueur des chandelles, comme si le temps était venu.

L'étoffe bleutée commence à jouer dans le vent, suivant les déplacement de son propriétaire qui semble devenir plus léger que l'air qui tournoi autour de lui. Un revers de lame pour un ennemi alors que le fer se glisse de côté, entre les côtes. Celui-ci risque d'avoir mal à l'estomac, même si il n'en mourra probablement pas... Pas tout de suite du moins. Eiji n'en ait pas certain, c'est qu'il s'en fiche un peu maintenant puisqu'il semble avoir décidé que le temps s'était assez écoulé. Un pas, une danse et le centre de la pièce semble rétrécir un peu plus autour de lui ; comme si les hommes s'ammassait pendant que d'autre reclaient, comme si un flot incessant s'abbattait sur lui alors qu'en plus des corps il comptait les coups et les secondes.

Une, deux, trois ; une autre lame qui arrive par là et un ninja qui se baisse sur le sol, aidant la poussière à s'élever dans l'air avant de retourner frapper. La musique est si bien maîtrisée. Et ça pourrait presque durer une éternité ; même si tous son doués. Il ne mentira pas, la combinaison des sorts est aussi intéressante, bien que le mouvement des corps rende un peu compliqué la visée ; c'est ennuyant de viser une allié qui sert de bouclier... Du moins, c'est sûrement ce que se dira ce sorcier quand il devra porter son collègue pétrifié.

Un, deux, trois et la danse s'accélèrent alors que les poumons commencent à manquer d'air ; écho d'un effort qui commence à se prolonger alors que sa lame mord une nouvelle portion de chair, celui-là ne s'en relèvera peut-être pas mais qu'importe puisque sur son torse il sent son médaillon vibrer, traçant comme un lien entre deux mondes, deux positions. Il lui faudra pourtant poursuivre la danse à un rythme un peu plus effrené, esquiver quelques coups bien placés et risquer quelques parcelles de sa peau lorsque l'acier mord son visage en y laissant une jolie trace. La lame ennemi tintera au son du métal qui vient la repousser, glisser dessus comme sur de l'eau avant qu'une main jusque là vide dévoile sa lame cousine. L'arme plus longue qui vient de s'y loger terminera sa course dans un gosier ; lui non plus risque de ne pas se relever mais le temps vint à manquer et Eiji le sait.

Il sent quelque part l'insistance du lien, de cette localisation tracée qui l'appel. Ou bien est-ce la connaissance parfaite de sa cousine qui le pousse à se ruer hors de la pièce, à repousser cette porte qu'on avait laissée entrouverte pour se retrouver dans ce même couloir.

D'armes à baguette, ses doigts auront joués rapidement avant qu'il ne pointe son alliée en bois sur la pièce pour la sceller derrière lui. Les runes entâcheront sûrement la mage mais il a juste besoin de quelques seconde pour ouvrir une autre porte ; inspirer profondément et laisser son corps changer. Il sent comme une trace de quelque chose, quelque part qui le pousse à plonger dans le puit sans remarquer le coquillage ni ses potentiels effets sur lui ou sur d'autres qui entrerait. Un battement d'aile pour un battement de cil lorsque l'atmosphère change autour de lui maintenant qu'il est passé dans l'interstice au fond du puits.

Il prendra quelques secondes pour se poser et reprendre sa forme avant de regarder derrière lui, puis tout autour. Un réflexe comme un autre, celui de tout analyser avant qu'il ne pose son regard sur la jeune femme à quelques pas.

« Nous n'avons pas beaucoup de temps. »

Une pensée presque inaudible qu'il lâche dans ce dialecte qui leur est propre. Même si le silence des mots est souvent plus efficace entre eux. Même si, derrière eux, tout semble indiquer qu'ils le prendront si c'est d'une quelconque utilité. Ils ne sont pas venus ici pour rien et il ne repartira pas sans rien ; quitte à y laisser plus que quelques gouttes de sang, ce n'est pas si important.

Tokyo, Chiyoda-Ku - Palais Impérial ֍ Il aura sans nul doute suivi le regard de sa cousine lorsqu'il vint se poser sur sa manche. Sous son masque, il aura sûrement eu un demi sourire qu'il aura appuyé d'un léger haussement d'épaule. Comme un enfant contrit qui a sali ses nobles vêtements. Que voulez-vous, ce sont les risques du métier et il fallait bien les occuper ! Sûrement que son regard onyx aura répondu ceci à la femme qui parcourt les étagères avant qu'il ne récupère délicatement un livre ancien entre ses mains.
Ses yeux parcourent les pages un instant pendant que ses sourcils se froncent lentement. Il sent comme un présage, celui de savoir qu'ils vont bientôt devoir redoubler d'efforts et que bien des maux pourraient naître de ces mots.
Pourtant il n'en dira rien, ni n'aura la moindre réaction alors qu'il la laisse retourner à ses occupations tout en rangeant le document sous ses vêtements, s'assurant de l'attacher avec fermeté contre son torse. Quelques pages auraient peut-être suffies mais on n'est jamais assez prudent. Et les bruits à l'extérieur ne laissent aucun doute alors qu'il se détourne des étagères pour revenir se poster non loin du puits.

Lentement, il prendra le temps de remettre son masque en place avant d'aller toucher la garde de ses armes du bout des doigts. Les pieds comme ancrés dans le sol, comme si le bouger de là serait d'un haute improbabilité. Tout son corps semble dire qu'il sera le barrage qui permettra à sa cousine de mettre sa main sur tout ce qui est important.
L'ombre de son corps répond à celle de ses yeux alors qu'il dégaine lentement son arme alors que la roche tremble, que l'interstice devient de plus en plus grand à mesure qu'on s'acharne dessus de l'autre côté.

Les bouts de roche qui commencent à voler ne le feront pas bouger. On donne souvent à Iwao la force d'être le barrage, là ou deux autres âmes sont plus discrètes. Mais son cousin n'est pas présent en ce moment... Alors ce sera lui, puisque de tous, c'est encore elle qui a le plus de chance de tout décoder.

Les lames glissent silencieusement hors de leurs fourreaux alors que l'ombre grandit et vient chatouiller le corps de celui qui s'acharne sur le fond du puits ; quelques secondes infime où il sera pétrifié. L'entrée ne sera jamais assez grande pour tous les laisser passer et il n'est pas question de réduire en cendre cet endroit tant qu'il n'aura pas été fouillé.
Jeux d'ombres et de lumières, la puissance d'un combat silencieux pendant que l'adversaire laisse lire la peur sur son visage. Et c'est autre chose qui s'engouffre par ce trou, prend appuie sur son collègue et entre dans leur pièce circulaire avec pertes et fracas. Un sourire sur le visage et un lame bien longue sur l'épaule qui laissera le nippon sans réaction l'espace d'un instant.

C'était évident, qu'à un moment donné, ils allaient le croiser. Lui, un autre ou bien les deux... Eiji relâchera l'ombre qui emprisonne l'homme au fond du puits avant de lui lancer un shuriken entre les deux yeux pour se retourner contre ce tout nouvel... opposant ? … qu'elle n'aura pas manquer de reconnaître, sûrement.