Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Le rendez-vous avait été fixé quelques jours plus tôt. Ou, en réalité, Eiji avait plutôt informée une certaine jeune femme de sa venue -exceptionnelle- à Pré-au-Lard ce jour-ci. C'est que vivre sur une île incartable, où les messages n'arrivaient pas comme des lettres à la poste ça rendait les communications difficiles. Et il était, bien entendu vue la situation, hors de question qu'il fasse appel à tout son réseau pour négocier avec l'intéressée.
De toute façon, il n'était pas connu pour laisser grands choix à ses interlocuteurs ; c'était ainsi et si elle voulait échanger avec lui, elle n'avait qu'à se défaire de toutes ses autres obligations. Auquel cas, il ferait le voyage en sens inverse pour -à nouveau- traverser tout un lot de frontières et se rendre auprès de son clan afin de continuer ses activités.

Activités qui se résumaient essentiellement en recherches approfondies pour retrouver la trace de son géniteur. Il lui fallait au moins ça pour pouvoir se concentrer sur le clan, sur le développement de ses talents d'occlumens, sur la victoire presque irréelle contre un Q-Ulte de furieux ; même si il doutait toujours un peu et qu'il gardait un œil sur les activités étranges dans plusieurs parties du monde. Et surtout, pour oublier ses faiblesses et le fait qu'une âme aux yeux émeraudes était toujours plongée dans le coma. Chose dont il s'accusait dés que le soleil se levait dans le ciel.

D'ailleurs, il s'occupait tellement dans tous les sens que c'était à se demander comment il en arrivait encore à se flageller mentalement ou trouvait le temps de traverser une bonne partie du globe pour s'occuper d'une nouvelle donnée qu'il avait dû écarter pendant un temps.
Croisant les bras sur son torse, il soupira alors qu'il laissait reposer son dos contre la façade d'une maison à la sortie du village sorcier. Il aurait pu, sûrement, prendre le chemin de l'appartement qu'il avait occupé l'année passée. Tout comme il aurait aussi pu lui donner rendez-vous à la Tête de Sanglier ou aux Trois Balais. Sauf qu'il ne tenait pas vraiment à ce que quelqu'un se rende compte de sa présence. Ou plutôt, il n'était pas certain de vouloir être vu en compagnie de @Teddy K. Romanov.

Au final, il n'était même pas certain de vouloir être ici ! Mais si ça lui occupait l'esprit ? Si il trouvait d'autres réponses qui n'auraient pas de questions ? Serrant la mâchoire, il eut un sourire en coin alors qu'il se rendait compte de ce qui allait l'attendre. Bien sûr que cette rencontre allait engendrer encore plus de questions, plus de situations désagréables et bien d'autres choses encore. Au fond, c'était sûrement pour ça qu'il n'avait pas laissé traîner les choses plus longtemps ; qu'il s'était plongé dans de nombreuses recherches depuis la chute de Chronos et qu'il avait presque passé au crible la moitié de la Bulgarie. Tout valait mieux que de revoir son corps dans un cercueil dés qu'il fermait les yeux. Tout valait mieux que de se rappeler que son pouvoir aurait pu tuer une partie de son âme alors qu'elle s'était retrouvée projetée contre un mur. Tout valait mieux que de revivre cette période, même cette victoire qui avait le goût d'une revanche, d'une vengeance.

Eiji serra à nouveau les dents, tic nerveux qui ne le quittait pas depuis des jours. Instinctivement, il chercha à s'enfoncer d'avantage dans les ombres, fermant les yeux par là même occasion jusqu'à ce qu'il entende des pas venir dans sa direction.
L'arrivée de la jeune femme eue le don de le faire se redresser, bien qu'il ait l'air -étrangement- plus détendu qu'à l'accoutumée. Quant à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose... Il le saurait dans quelques instants, quand elle ouvrirait la bouche. Puisqu'elle était bien du genre à dire quelque chose en premier et qu'il n'en avait pas du tout envie. Apparence détendue ne veut pas dire qu'on n'est pas sur le point de faire une overdose d'un peu de tout.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ A ce stade de la conversation, qui venait tout juste de débuter puisque la jeune femme venait à peine d'arriver, Eiji commençait déjà à se demander pourquoi il était venu. Est-ce qu'elle était... stupide ? Il n'aurait pas eu d'autres termes si il lui avait posé la question. Après tout, c'était une occidentale et les occidentaux -géniteur compris- étaient un peu des handicapés mentaux pour lui. Mais là, il fallait le dire, elle décrochait la palme d'or de la bêtise si bien qu'il en resta comme deux ronds de flanc et que, une fois n'est pas coutume, ça devait se voir sur son visage.

« Soirée … ? » Il n'arrivait même pas à le dire à haute voix tellement il tombait de haut. Alors certes, il n'attendait pas grand chose de la jeune femme. Après tout, deux spermatozoïdes du même donneur ne font pas une famille unie. Mais là... En quelques mots, elle atteignait des sommets. Si on ajoutait à ça, sa tenue qui aurait suffit à l'envoyer lui, au couvent, en même temps que Kaneko...

« Tu penses vraiment que je suis venu jusqu'ici pour parler de vacances ? »

Il est à peu près certain qu'on ne l'aura jamais entendu prononcer une phrase avec autant d'incrédulité dans la voix. Chose qui ne signifiait pas, pour autant, qu'il ne l'insultait pas ouvertement. Parce que, en vérité, comment on parlait à une personne comme ça ; une personne déficiente mentalement visiblement ? Si il ne disait rien, elle continuerait de parler et de débiter des inepties. Si il faisait sa tête de mule, il finirait par disparaître en deux temps, trois mouvements pour la laisser plantée là. Si il agissait normalement, il se contenterait de lui lancer un regard noir qui appuierait sur l’ego de la jeune femme et la ferait, à nouveau, parler...

Eiji soupira, il ne savait pas pourquoi mais, d'un coup, il était d'encore plus mauvaise humeur qu'il ne l'était avant.

« Est-ce que tu as, au moins, tenté de faire quelques recherches ? »

Parce qu'il ne fallait pas croire mais elle n'était pas sa sœur, ni sa demi-sœur ni quoi que ce soit d'autre. C'était une potentielle source d'informations puisqu'elle était une Romanov et qu'elle devait donc pouvoir creuser dans cette direction pour étayer les indices qu'ils avaient découverts la dernière fois. Après tout, si il l'avait croisée dans cet appartement, c'est bien parce qu'elle cherchait à retrouver son « père », non ?
Alors franchement, savoir si elle passait un bon été ou non était le cadet de ses soucis. Il n'avait jamais eu l'intention de vouloir en savoir plus sur elle, sur sa vie, sur ce qu'elle avait en tête et... sur rien en fait. Donc autant dire que les vacances de madame étaient bien loin de le préoccuper.
En revanche, si il devait bosser seul sur le sujet du paternel, autant le savoir dés maintenant ; ça lui éviterait une sacré perte de temps pour les jours à venir et il aurait ainsi l'occasion de retourner broyer du noir, vider du saké, broyer du noir, s’entraîner, broyer du... ainsi de suite, on l'aura compris.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Il ne pouvait pas y avoir plus diamétralement opposés qu'eux deux. Il n'y avait qu'à voir comment se déroulaient l'ensemble de leurs conversations -bien que très peu nombreuses-.
Eiji ne connaissait pas sa vie même si il connaissait la réputation de la jeune femme et elle ne pouvait pas connaître la sienne non plus. Comment pourrait-elle, ne serait-ce qu'imaginer, ce qu'il était réellement. Dans son petit monde, ça semblerait tellement abracadabrant ! Pourtant, les faits étaient bien là et, à part un géniteur, ils n’auraient jamais rien en commun. C'était, du moins, la conclusion du nippon aux yeux d'ébène qui l'écoutait parler alors qu'elle indiquait vouloir simplement faire la conversation.

Est-ce qu'à un moment de ses études, Eiji avait simplement montré qu'il avait des velléités de faire la conversation à qui que ce soit ? Ses propres camarades de Durmstrang ne l'avaient sûrement jamais entendu prononcer plus de trois mots lors d'une conversation banale. Au mieux, on avait entendu sa voix lors d’entraînements de Quidditch. Parce que même lors du Tournoi des Trois Sorciers, il n'avait jamais rien dit. Au mieux avait-il tissé quelques liens avec des personnes qui n'étaient pas envahissantes, mais ces relations, aussi fugaces soit-elles, se comptaient sur les doigts d'une seule main.
Enfin, passons, si il lui sautait à la gorge à chaque parole, ils n'iraient jamais bien loin l'un et l'autre. Hors, il avait besoin d'arriver quelque part !

Et puisqu'on en venait au sujet qui l'intéressait, on aurait pu se dire qu'il allait se détendre et être moins enclin à avoir des envies sordides concernant la jeune femme. Il fallait l'excuser après tout, rappelons que ce n'était qu'une pauvre petite occidentale qui vivait dans un monde d'adolescents aux hormones mal contrôlées.
Malheureusement, c'était sans compter sur la jeune femme qui avait la fâcheuse tendance de toujours ajouter des éléments en trop...

« Et tu veux m'amener chez le coiffeur aussi ?! »

La remarque avait fusée telle une balle de ping-pong dopée au Wadiwasi. Et le regard aussi glacial que dédaigneux qui l'avait accompagnée n'était pas pour alléger cette oppressante sensation qu'elle le collait hors de lui. Relativisons, il y avait toujours de la marge avant qu'il ne perde totalement le contrôle. On n'apprends pas à être un assassin en se laissant aller à chaque fois que quelque chose nous horripile au point qu'on veuille l'écraser avec la pointe de sa baguette.

Eiji inspira profondément, prenant le temps de souffler en silence avant de détourner le regard de la jeune femme.

« Pourquoi tu veux que je portes un costume ? »

L'apparence du sorcier n'était pas plus détendue qu'avant mais, au moins, la voix était-elle redevenue celle qu'on avait l'habitude d'entendre. Même si Eiji doutait que la réponse qu'elle lui donne soit satisfaisante. Il la voyait bien lui demander de parader à ses côtés simplement pour se rendre importante ; ça semblait bien être le genre de la maison que d'aimer avoir un ancien Champion de Tournoi dans son entourage proche. Et puis, pourquoi aurait-il pensé à autre chose d'ailleurs ? Parce qu'il ne voyait pas l'intérêt de porter un costume pour se rendre chez elle voir ce qu'elle avait trouvé. Après tout, elle aurait dû amener tout ça avec elle, n'est-ce pas ? Si elle avait eu un peu de jugeote. Là encore, passons... Elle devait être aussi douée pour cacher des choses que pour avoir l'air un minimum intelligente.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Qui pourrait dire lequel des deux était le moins chanceux dans toute cette histoire ? Celle qui se retrouvait devant un personne qui n'avait qu'antipathie à son égard, ou celui qui pensait que sa blondeur devait déteindre sur ses neurones ? Pour être tout à fait clair, Eiji se jugeait le moins chanceux des deux. Déjà, il devait composer avec les limites de l'intellect de la jeune femme et, en prime, il devait subir ses paroles qui lui donnait l'impression d'être autant d'insultes que de manque de respect à son égard. Et plus elle parlait, tentait de se justifier, de rectifier le tir et il ne savait trop quoi d'autre et plus il avait envie de la noyer dans la première cuvette de toilettes venues. Et encore, ce serait trop d'effort de sa part à lui.
Si bien que, la seule chose qu'il fit, fut de lever les yeux au ciel à la manière d'une verte et argent exaspérée. Dans un premier temps tout du moins. Parce qu'après ça, il eu bien du mal à comprendre pourquoi son exaspération atteignait des sommets bien différents et que ses pensées allaient dans tous les sens. Ou plutôt, dans un seul, alors que ce n'était pas le sujet de la question.

Il faut dire que sentir son corps répondre de moins en moins et voir son esprit s'obscurcir d'envies et de pensées tout à fait différentes que leur origine, ça avait de quoi vous calmer. Ou bien vous exaspérer encore plus à mesure qu'un sentiment de confort et de chaleur s'insinuait en vous. Comme si tout devenait plus doux.
Peut-être que ce fait fut encore accentué lorsqu'elle releva les yeux et que leurs regards se croisèrent. Il n'aurait su dire pourquoi mais la sensation était différente ; il aurait presque eu envie d'être sympathique envers elle, de la prendre dans ses bras et de la protéger. Ou bien... Non, ce chemin là restait orienté vers des yeux émeraudes et des cheveux bien plus sombres.

« Arrêtes ça ! »

Quoi que ce soit, ça ne pouvait venir que d'elle. A croire que le sang en commun permettait encore qu'il ne lui saute pas dessus ou ne se sente pas attirer par elle mais par quelqu'un d'autre, qui n'était même pas présente.
Sauf qu'en vérité, ce qu'il avait voulu faire sonner comme un ordre, c'était retrouvé coincé entre ses dents et n'avait été qu'un murmure crispé alors que les vapeurs autour de lui tentent, tant bien que mal, de se dissiper.

Pas totalement cependant puisque la brume qui avait recouvert son cerveau peinait tout de même à disparaître. Assez cependant pour qu'il puisse prendre une petite inspiration et se raccrocher mentalement aux événements présents. Remercions son contrôle de lui-même ou bien leur lien du sang même si il n'était pas dit que l'accalmie durerait bien longtemps.

« Je vois ce que tu veux dire. C'est vrai qu'il est tout à fait discret de voir se promener l'ancien Champion du Tournoi des Trois Sorciers ! »

Ce serait un peu comme si il n'avait jamais eu sa tronche dans la moitié des Gazettes Sorcières que ce soit en tenues nippones où avec cet infâme costume de l'école bulgare. On en ferait pas du tout une tartine de le voir vêtu autrement. Ni même de le voir tout court. Il passerait totalement inaperçu de l'entrée à la salle principale. Oui, bien entendu. Après tout, tout le monde était aveugle dans la grande famille Romanov !

« Sinon, un plan de la demeure et... je ne sais pas... des informations sur la sécurité ? »

Ou bien y aller quand il n'y a pas un bal de mes quarante ?  M'enfin ça, ça devrait pas rentrer dans les  attributs de la jeune femme.
En somme, quelque chose qui lui semblait plus tangible à lui, qu'à elle. Parce que oui, ils étaient différents et qu'il était doué -il est pas encore prouvé que la blondinette le soit- quand il s'agissait de s'infiltrer quelque part, principalement quand il le faisait seul -ou en famille- et qu'il ne devait pas surveiller de tous les côtés.

« Et laisses me cheveux tranquilles ! »

Qu'elle s'avise de reparler de costume et de coiffeur et il lui ferait bouffer autre chose que ses bijoux et tenues de soirées. C'est que charme de vélane ou pas, il était pas encore assez secouer pour oublier ce qu'elle tentait de lui faire subir. Bon, par contre, les dons de la jeune femmes l'avait peut-être rendu un peu plus causant et cassant... A défaut d'être plus sympathique ou conciliant.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Mondes opposés, bonjour ! Parce qu'on ne pouvait pas faire plus antagonistes que ces deux univers où ils évoluaient. Et forcément, ça se répercutait sur leur incapacité à partager une même vision des choses, de mêmes idées ou simplement une conversation des plus banales. Outre le fait qu'ils ne se comprenaient pas, ils n'avait tout simplement pas les mêmes codes. Et Eiji devait bien avouer, qu'en réalité, c'était un sacré handicape !
Et le fait qu'une ambiance des plus déplaisante s'installe entre eux n'allait peut-être pas s'arranger avec le fait qu'il se passe une main sur le front pour mieux se masser les tempes. Point positif cependant, il ne ressentait plus d'attirance pour autre chose que le but qu'il souhaitait atteindre ; une petite victoire en soi qui allait peut-être lui permettre de se remettre les idées en place.

Raisonnablement, si personne ne faisait d'effort où si ils ne se mettaient pas à partager autre chose que des incompréhensions, autant s'arrêter tout de suite. Comme de coutume lors de ces moments, le jeune homme inspira profondément avant de laisser sa main retomber le long de son corps.

« On va continuer cette conversation devant un verre »

Ou dix, très honnêtement. Parce que là, il avait la sensation d'être face à un mur qu'il n'était pas certain de vouloir franchir. Pourtant, d'un autre côté, il refusait également de lâcher l'affaire si facilement.

« J'ai un appartement non loin... » Et sans plus de détails, il commença à avancer lentement dans la direction qu'il souhaitait prendre.
Il s'arrêta pourtant près de la jeune femme alors qu'il s’apprêtait à la dépasser, coulant un regard vers elle dont, lui-même, n'aurait su dire le contenu. « Ça te va ? »

Parce que, au cas où, elle n'aurait pas remarqué vu la ruelle où il se trouvait, il n'avait aucune envie d'être vu par tous. Pis encore, il n'allait pas échanger des banalités dans le bar du coin. De un, parce que ça ne lui convenait pas. De deux, parce que les murs pouvaient avoir bien plus d'oreilles que ce que l'on pensait.
Toutefois, il allait pas attendre mille ans de savoir si elle acceptait où non. Trois secondes fut ce qu'il lui accorda avant de reprendre sa marche entre les pierres du village.

L'appartement qu'il occupait à Pré-au-Lard n'avait rien d'un secret d'état, il était d'ailleurs vide de tous secrets. Et c'était peut-être pour cela que le jeune homme le jugeait sécurisé. Peut-être que parcourir la distance qui le séparait de l'apothicaire du coin, lui permettait de mettre en forme ses idées, ses pensées et ses quelques envies.

« J'ai assez de parchemins pour que tu y dessines un plan approximatif »

Il n'allait pas en démordre quoi qu'elle en dise. En revanche, entrer dans les détails c'était tout de même compliqué. Presque aussi compliqué que lui avouer qu'il doutait qu'elle réussisse quelque entreprise qui soit. Après tout, elle aurait déjà dû réussir à s'introduire dans ce bureau. Du moins, selon son point de vue. Mais, comme elle l'avait si bien fait remarquer, elle n'était qu'une petite adolescente -gamine- occidentale.

Quelques encablures plus loin, il s'arrêta devant l'établissement qu'il observa un instant avant d'indiquer à la jeune femme la porte dérobée qui se trouvait plus loin.

« C'est au premier étage. »

En même temps, il n'y avait pas trente-six étages non plus. Fallait pas abuser. Mais c'était un moyen de la laisser décider de la suite des événements. Elle pouvait toujours refuser de monter pour se retrouver -une nouvelle fois- coincée entre quatre murs en compagnie du jeune homme. Il faut dire que leur première rencontre pour cette affaire s'était plutôt mal déroulée. En revanche, si elle se décidait et qu'ils pénétraient enfin dans cette petite habitation presque aussi vide que son propriétaire et à la décoration bien asiatique, elle obtiendrait peut-être de nouvelles réponses à ses questions.
Peut-être qu'un lieu familier serait également un bon moyen pour que le nippon se détende un peu. Ou bien qu'il accepte d'ouvrir la bouche. Où qu'ils se battent jusqu'à arriver à se comprendre ; c'était au choix. Mais dans la disposition actuelle de leur relation, ils allaient -lui surtout sûrement- devoir faire quelques petits efforts. Le tout était de savoir jusqu'où il était près à aller pour cela.  

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Est-ce que vous avez déjà eu cette impression de faire la plus grosse ânerie de toute une vie ? Parce que, clairement, Eiji avait cette impression constante avec elle. Surtout maintenant qu'ils se retrouvaient au pied du petit immeuble qui abritait son appartement. Et tout en soupirant après lui avoir couler un regard en biais, il se contenta d'un simple je sais bien grinçant a la mention de la distance entre leurs deux lieux de villégiature. En même temps, Pré-au-Lard n'était pas non plus une mégalopole européenne mais ce n'était pas nécessairement utile de lui faire remarquer.
Mais c'est en ouvrant la porte de son antre qu'il se demanda réellement comment il allait bien pouvoir faire pour la supporter une seconde de plus. Qu'elle soit un peu stupide, il en avait pleinement conscience. Qu'elle soit plus poupée barbie qu'intellectuelle également -en même temps, ça allait de paire avec la précédente stupidité- mais qu'elle manque, en plus de tout ça, d'assez de respect pour ne pas se comporter comme une enfant qu'on lache au pied du Mont Friandise... Ca... Il ne l'avait pas vu venir...

C'est donc totalement estomaqué qu'il la regarda s'engouffrer dans ce lieu de vie et... se mettre à fourrer son nez presque partout sans même avoir pris la peine de retirer ses chaussures ! Bon, d'accord... Les occidentaux retiraient une fois sur trois leurs chaussures chez eux et, les trois quart du temps, il ne le faisait pas non plus parce que, bien que ce soit preuve d'un certain manque d'hygiène chez eux, c'était leur façon de faire dans leurs domiciles. Par contre, qui aujourd'hui ne savait pas que la moitié des peuples asiatiques retiraient leurs chaussures avant de pénétrer dans leur lieu de vie ? Et genre, c'était pour tout le monde pareil. Amis comme ennemis comme invités...
Et tandis qu'il retirait ce qui devait être retiré de ses pieds, il continuait à la regarder alors qu'elle prenait place autour de la table basse.

« Enlève déjà tes chaussures, ce sera plus simple... »

Et ça lui ferait certainement moins mal aux chevilles. Tout comme ça le rendrait peut-être plus aimable qu'elle veuille bien montrer un minimum de décence dans ce lieu.
Passant près du petit placard de la cuisine, il prit quelques seconde pour attraper une bouteille de saké et deux petits verres qu'il vint poser sur la table avant de s'y installer sans même répondre à sa précédente question. Au point où ils en étaient de toute façon, elle pouvait bien s'asseoir comme elle le voulait, ça n'allait pas empirer la situation.

« On peut dire que tout vient de là-bas effectivement. »

Pour elle là-bas ce serait le Japon. Pour lui, ce serait l'île où ils avaient tous grandis à défaut d'être tous nés. Mais il était bien trop tôt pour qu'il n'en fasse mention et, au vue de l'état de leur relation, il serait toujours trop tôt à son goût. Se servant un verre qu'il descendit presque aussitôt, il se permis de s'en resservir un autre avant de faire de même pour la jeune femme. Il l'avait presque dit tout à l'heure mais il allait lui falloir beaucoup de verres si il voulait la supporter et quoi de mieux que le saké préféré de son cousin pour s'aider un petit peu ? Ce serait presque comme ci Iwao était ici avec eux...

Il lui fallut bien deux autres rinçade avant qu'il se décide à se remettre debout pour aller chercher les parchemins et de quoi écrire. Il revint quelques instants après et déposa sur la table le nécessaire avant de prendre la plume entre ses doigts.

« Si tu dessines si mal que ça, donne moi juste les détails. Tu as déjà compté le nombre de pas que tu fait quand tu y es ? »

Alors, tourner comme ça, la question pouvait paraître tout droit sortie de n'importe où et ne pas vouloir dire grand chose. Sauf que la moitié des gens avaient déjà comptés leurs pas en allant d'un point A à un point B dans une pièce. Donc, selon lui, en partant de là, elle pourrait lui décrire les dimenssions presques exactes, n'est-ce pas ? Où du moins faire une comparaison efficace entre ce lieu et la demeure des Romanov ?
Où alors elle n'y piperait mot et ils n'avaient plus qu'à se saouler la tronche en espérant que le soleil se lèverait de leur côté le lendemain matin. Parce que clairement, il avait l'impression que tout les éléments étaient contre eux. Où alors, ce n'était dû qu'à son refus obstiné de vouloir échanger avec elle...

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Si vous pensiez qu'Eiji ne nota pas ce qu'il se produisit lorsque la jeune femme retira ses chaussure... Alors vous le connaissez très mal. C'est juste qu'il n'en fit aucune remarque ni dans ses gestes, ni dans son regard, ni sur son visage. Quant à savoir si il était incommodé ou non, il ne donnerait pas, non plus, signe de l'un ou de l'autre. Après tout, c'était une forme de respect que de ne pas pointer du doigt les imperfections des autres et, clairement, même si ça se passait chez lui, il n'y avait pas de quoi en faire un drame. Une bonne dose d'encens par là-dessus et ça passerait ni vu, ni connu. Un petit coup de nettoyage serait également pratique pour enlever le reliquat mais... Soyons correct, son nez allait s'habituer et le saké allait l'y aider...

Peut-être était-ce pour ça qu'il gardait la bouteille à portée, ou bien était-ce simplement une vieille habitude. Seul ou non, Eiji avait cette faiblesse d'aimer un peu trop ce genre de breuvage et, à la différence de son cousin, l'alcool ne le rendait pas joyeux tout comme il ne le consommait pas pour le plaisir. Il y a un nom pour ça, qu'on retrouve aussi bien chez les sorciers que chez les moldus ; un nom qui sonne comme la maladie qu'il représente. Mais là encore, ce n'était pas le sujet et il se contenta de rester concentré sur les traits qu'il traçait et les explications de la jeune femme.

« Le sol en losange part de l'entrée jusqu'au bas de l'escalier et quelle longueur les sauts ? »

Marquant une pause dans les tracés, il observa la jeune femme comme si il calculait pour lui-même la distance qu'elle pouvait parcourir en sautant. Ou bien la taille de ses pieds... Enfin de ses chaussures vu qu'elle avait caché le reste sous son séant. C'était aussi ce qu'il jugeait être la meilleure réponse à sa question. Ca lui allait, ce n'était pas parfait mais ça devrait suffire. D'autant que le reste l'aidait d'autant plus.

« Combien de pas du portail à la façade ? »

Il ne sut même pas si il lui avait réellement laissé le temps de répondre à la question précédente. Il se contentait simplement de tracer le plan sur le parchemin même si il se dessinait bien mieux dans sa tête. La sécurité, il pourrait s'en charger où l'éviter. Il lui faudrait simplement observer quelques instants. Il avait aussi un très bon moyen de passer innaperçu à moins que le système de détection soit plus poussé que celui de Poudlard. En revanche, pour pallier à tous les aléas il fallait tout de même qu'il ait une vague idée de l'endroit où il allait atterrir. Et, le tout, dans un laps de temps plutôt réduit et sans grande aide.

A cette pensée, un nouveau verre de saké vint rejoindre le précédent. Il peaufina même le dessin sous les indications de la jeune femme avant de lui tendre le parchemin. Honnêtement, il ne savait pas vraiment combien de temps ça lui avait pris. Si c'était une heure ou plusieurs longues minutes. Il savait juste que dans son esprit, ça resterait toujours plus clair que sur le papier. Principalement parce qu'il fonctionnait ainsi la plupart du temps. Papiers et mots étaient semblables à bien des égards.

« Tu te demandes pourquoi je te questionne sur ça non ? »

Etait-ce une hallucination auditive de sa part ou venait-il réellement de poser cette question ? Lui qui n'en posait jamais où le strict nécessaire ?
En tout cas, ça sonnait étrange à son oreille et son esprit ne semblait pas avoir assimilé le choc alors que sa main retournait entouré le petit verre vide. L'alcool aidait parfois à délier les langues mais... Chez lui, même à forte dose, ça avait peu d'effet. Avec Iwao peut-être, parce que c'était Iwao. Ou bien avec Kassie, parce qu'il en avait eu envie. Au cours d'une fête ça pouvait également se présenter mais là, comme ça... Eiji en resta presque bouche bée.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Est-ce qu'était venu le moment des confidences ? Alors que le dessin avait fini par prendre forme gràace aux explications de la jeune femme ? Où est-ce qu'il reconnaissait pour une fois sa valeur ? Eiji n'aurait su le dire. Il n'aurait su dire, également, si c'était le fait d'être chez lui qui le rendait plus à l'aise ou bien la concentration ou les verres d'alcool. Pourtant ce fut bien la première fois de toutes leurs rencontres qu'il ne se senti pas offensé par l'une de ses questions. Pas plus qu'elle ne déclanchait d'amusement pour tout avouer.
Le croquis terminé, il posa simplement les instruments sur la table avant de servir un verre à la jeune femme et de faire de même pour lui. Sans doute y eut-il un petit moment de latence où ses yeux se perdirent au plafond, comme si il s'absentait quelques instants ; comme si il réfléchissait à quelques choses.

« La fenêtre, ce sera bien... » Et si son corps était là alors qu'il reposait les yeux sur elle, le reste de son être semblait s'être envolé. Comme si il s'adonnait à autre chose, à d'autres pensées alors qu'il l fixait penant plusieurs secondes.

« Tu sais garder les secrets ou un serment inviolable est nécessaire ? » Ca aurait pu être très drôle. Prononcer par une autre personne cependant. Parce qu'il était tout à fait capable d'appeler un témoin séance tenante pour réaliser le sortilège. Cependant, la question était plus réthorique qu'elle n'appelait à une réponse et le jeune homme ne prit même pas le temps d'écouter ce qu'elle pouvait bien lui dire.

En silence, il commença à retirer quelques objets restés cachés dans ses manches, les déposants par terre un à un avant de retirer la veste traditionnelle qui couvrait le reste de ses vêtements. A regarder une scène comme celle-ci, on serait en droit de se demander si une mouche ne l'avait pas piqué mais c'était loin d'être le cas. Il avait simplement prit une décision radicale ; celle de dévoiler un brin de vérité. Une vérité qu'il pourrait contrôler et qui ne nuirait qu'à lui.

Quand il fut débarasser de ce qu'il trouvoit superflue, il reposa lentement les mains sur ses genoux. Le temps de ses mouvements semblaient être suspendus dans l'air, même pour lui. Air qu'il ne tarda pas à humer et à voir d'une autre façon. Air qu'il sentit plus présent jusqu'au plus profond de sa chair. La lumière l'entourant changea elle aussi, blessant ses yeux l'espace de quelques instants avant qu'ils ne soient habitués, qu'il ne soient transformés et qu'ils s'adaptent. Un cœur, puis deux, qui battent de concert comme si ils avaient toujours été une paires. Ca ne dut prendre que quelques secondes, pas plus. Même si pour lui elles semblaient éternité tellement il les appréciaient...

Des secondes pour une peau qui change, un corps qui change, les mains qui deviennent ailes, les jambes qui deviennent serres. Plumages aux tons de l'automne prendront la place de la couleur de sa peau et au final ; seul ses yeux rappeleront qui il était vraiment. Comme si le noir de ces derniers ne pourait jamais être changé... L'homme laissa place à l'oiseau avant de redevenir homme ; une transformation qu'il aimait moins que la précédente mais une qui était nécessaire...

Eiji soupira.

« Je me passerais du balai et en cas d'impossibilité d'utiliser la magie, j'ai d'autres solutions. D'autres questions ? »

La voix était peut-être froide mais ça n'avait rien de foncièrement mauvais. Il était comme ça et le resterait à jamais.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ En reprenant sa forme humaine et en terminant de prononcer ses derniers mots, Eiji c'était attendu à un bon nombre de questions. Puisque généralement, ça allait de paire avec ce genre de découvertes et pourtant, ce fut d'abord le silence de Teddy qui vint le cueillir. Un silence qui semblait interloqué tout comme l'était son regard alors que le cerveau de la jeune femme semblait avoir cessé complétement de fonctionner. Peut-être que ce n'était pas une bonne idée que de lui imposer ce genre de révélations ? Déjà qu'elle semblait avoir un peu de difficultés à aller d'un point A à un point B...
Il n'alla cependant pas jusqu'à se demander si il avait cassé cette fille au visage de poupée. Ca aurait été dommage dans un sens qu'elle soit devenue totalement inutilisable même si maintenant qu'il avait un plan de la demeure Romanoff, il doutait qu'elle lui soit d'un grand secours. Quoi que... Tant qu'elle restait capable d'ouvrir une fenêtre, ça devrait aller.

Quand elle sembla reprendre conscience quelques secondes plus tard, ce fut pour énoncer une évidence. A moins qu'il se soit tranformé en chaton à plumes sans s'en rendre compte ; chose qu'il savait impossible mais soit. Cependant être réduit à un simple oiseau... Eiji en aurait bien soupiré mais préféra boire une nouvelle gorgée ; pour cette fois, il allait l'excuser histoire de préserver le semblant d'intellect qu'elle devait bien posséder.

« Et tu aurais imaginé quoi ? »

Parce qu'autre chose qu'un oiseau, c'était inconcevable pour lui. Surtout l'oiseau dont il prenait la forme et qui n'était pas qu'une simple volatile selon lui. Il allait la force avec ses serres, la rapidité avec ses ailes, l'ambition de s'élever toujours plus haut et enfin, une insatiable envie de liberté. De son point de vue, c'était aussi un excellent messager. De ceux qu'on utilise sur une petite ile du japon et qui font partis du paysage. Alors si, le faucon ça semblait juste, ça semblait être lui ; c'était lui. Un peu comme son patronus qui revétait lui-aussi les traits d'un oiseau bien que plus petit. Il était la forme blanchatre de ce qu'on ne trouve que chez eux, une chose d'un autre temps qui faisait écho au hoo-hoo de Kaneko. Mais ça, comme le reste, il le gardait pour lui.

Buvant une autre gorgée, il se décida enfin à poser son regard sur la jeune femme, fronçant légèrement les sourcils afin de décrypter ses mots.

« C'est vraiment ce que tu veux ? Que je te lance un sortilège ? Lequel ? Oubliettes, le Serment Inviolable ou bien un de ceux qui sont interdits afin de te garder sous mon contrôle ? »

Il y avait le choix, elle pouvait toujours demandé ; ce n'était pas comme si contrôler des gens ou étouffer des mémoires le dérangeait vraiment. Quand on voyait tout ce qu'avait fait son clan...
Eiji soupira, ce serait le plus simple évidement ; à moins qu'il ne trouve une autre solution et qu'il ne dévoile un autre secret... Un de plus ?
D'un bond il quitta sa place pour se rendre dans les armoires du fond de la pièce, poussant au passage un tas de vêtements que son Zouwu affectionnait tant, il faudrait qu'il pense à lui faire plus de place si son retour ici s'imposait... Mais pour le moment, il était plutôt attaché à dévérouiller un double fond dont il retira un objet avant de retourner près de la table, d'attraper son verre et de le vider sans même s'asseoir.

Quelques secondes plus tard, la chute d'un médaillon ouvragé résonna sur le bois de bambou et Eiji la regarda à nouveau.

« Au cas où tu sentes que tu vas dévoiler la vérité ; appuie une fois. »

Il se rassit enfin sans plus d'explications et surtout pas tout le reste du code.

« Personne ne le verra autre que toi, ils sont... protégés disons... Utilises le seulement dans ce cas là. »

Il aurait bien insité sur le fait qu'il en ferait des sashimis si elle l'utilisait pour autre chose que la sensation qu'elle allait dévoiler son secret mais était-ce nécessaire ? Parce que si les Romanov la faisait trembler, comment réagirait-elle à ce qu'il était et ce qu'était leur propre père... Eiji se resservit une nouvelle fois ; il allait où, comme ça ?

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Si Eiji avait pu, il s'en serait étouffé à la mention d'un panda mais visiblement son self-control lui avait permit de ne pas avaler sa salive ou son saké de travers et de garder une certaine forme de standing qu'il affectionnait assez.

« Un panda oui ; c'est sûr que c'est d'une totale discrétion en plein milieu d'une ville »

Fallait lui pardonner, il n'avait pas pu s'en empêcher et c'était sorti tout seul, l'alcool aidant sûrement un peu. Mais tout de même ! Il n'en revenait pas. Un Panda ! C'était hyper pratique pour passer des portes, aller vite, être précis et discret, en sommes tout ce qu'il était donc oui, il ne savait trop comment mais un panda, d'un coup, ça lui semblait évident ! Quoi que mieux qu'un truc chinois bien gros et bien imposant pour représenter un assassin venu tout droit du japon... CQFD !
Donc soit, il allait laisser passer pour cette fois, principalement parce qu'il était plus préoccupé par ce qu'il allait jouer maintenant que par cet élan de forte stupidité. Encore une fois, pardonnons à celle qui est sa demi-soeur d'avoir les neurones emplis de fumées ; un jour il allait s'habituer !

Pour le reste, il ne répondit pas. Pas même lorsqu'il laissa pendre le médaillon jusqu'à la table et qu'elle le prit entre ses doigts. En fait, ce n'était pas tant qu'il ne souhaitait pas répondre mais qu'il cherchait encore comment le faire de la bonne manière alors qu'un léger sifflement se faisait entendre sous ses vêtements. Si il avait été du genre à se frapper le front du plat de la main, ça aurait été le bon moment. A la place, il disparu simplement de l'endroit où il se trouvait, transplanant derrière la blonde avant de s'accroupir jusqu'à approcher sa bouche de son oreille et poser ses mains sur ses doigts.

Sans force et sans douleur, il tenait au creux de sa paume le médaillon de la jeune femme qu'il relevait jusqu'à la hauteur de ses yeux.

« Ca, c'est ce qui me permet de savoir exactement où tu es... Et... Disons le simplement, ça ouvre une sorte de passage qui me permets de te rejoindre en quelques instants. »

C'était assez simple ça ? Non parce que fallait dire que vu le niveau, il était pas sûre de pouvoir s'abaisser plus bas en terme de simplicité dans le choix des mots. En revanche, c'était peut-être le moment parfait pour lui rappeller la consigne de base.

« Ne l'utilises que quand tu sens que tu vas révéler un secret ou que tu viens juste de le faire... » Sans se relever, il retira ses doigts, la laissant reprendre possession de sa main. « L'oubliettes te sembleras être un choix bien plus judicieux si tu l'utilises dans un mauvais cas... C'était la seule fois. »

Le souffle de sa voix termina sa course sur la nuque de la jeune femme alors qu'il s'apprêtait à reprendre ses distances. Un jour peut-être qu'il comprendrait que coller une trouille monumentale à quelqu'un n'était pas l'idée du siècle quand on voulait lui faire entendre quelque chose, surtout que c'était... Teddy et qu'elle le disais elle-même, elle avait du mal à gérer certaines émotions. Enfin, tant qu'elle ne se faisait pas pipi dessus en plein milieu de son salon, tout allait bien, non ?

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ Un jour, peut-être, allait-il comprendre que sa simple présence faisait naître d'étranges réactions chez les gens. Mais pour ce faire, il faudrait déjà qu'il arrive à comprendre ce qu'était certains sentiments ; il avait déjà résolu la question pour un mais, pour les autres, c'était encore assez brumeux de son point de vue. Pas de quoi l'empêcher de dormir cependant alors qu'il se relève enfin pour aller reprendre sa place.
Un instant, le temps de reprendre son verre bien trop vide à son goût, son regard s'attarda sur Teddy qui semblait avoir avaler un veracrasse géant en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.
Définitivement, il aurait toujours beaucoup de mal à comprendre tout ces gens et il se contenta de reposer le verre vide sur la table ; s'attachant à remettre les vêtements et accessoires qu'il avait retiré un peu plus tôt. Comme si rien de tout ceci n'était vraiment arrivé.

« Portes le toujours sur toi. Comme je l'ai déjà dit, personne d'autre que toi ne le verra donc tu n'auras aucune question de ce côté là. »

Est-ce qu'il venait bien de balayer d'un revers de main le fait qu'elle préférait se jeter d'un pont plutôt que de révéler son secret ? Clairement. Mais que ce soit un pont où le toit de Durmstrang, c'était son choix que de vouloir faire un vol plané dans le vide et clairement, il n'en était pas au stade où il allait l'en empêcher. Même si ce serait sûrement beaucoup plus douloureux que d'appuyer sur l'objet qu'il venait de lui confier, c'était sa vie après tout et si elle préférait mourir ; soit.

« Tu serais capable de calculer la bonne hauteur pour ne pas te râter ? »

A ce qu'il paraît, ça faisait plus mal de se louper que de se réussir ; la peur restait la même cependant. Mais quittes à vouloir laisser sa vie lui échapper, autant le faire dans les règles de l'art, non ?
Bon, d'accord, il plaisantait peut-être un peu, même si avec sa voix polaire ça ne devrait pas être franchement drôle pour celle qui recevait ses paroles. Mais, encore une fois, est-ce que ça avait l'air de l'intéresser ? Peut-être un peu au fond, l'alcool aidant sûrement à ce qu'il soit plus ouvert aux autres même si il n'en restait pas moins... Lui.
Approchant sa main de la bouteille, il envisagea de se resservir avant de reposer son regard sur la jeune femme, toujours aussi blanche qu'un linge tout juste lavé. D'ailleurs, sa couleur s'accordait plutôt bien aux murs du petit appartement, même au niveau du bois, ça rendait l'ambiance plus sympa... Pas sûr en revanche que ce soit bon signe alors qu'il lui versait un verre sans un mot de plus. Elle allait s'en remettre, n'est-ce pas ?

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ A la précédente question qu'il aurait pu se poser, il devrait peut-être réponde 'ou pas' maintenant. Parce qu'à voir la tête que fait la jeune femme, elle ne doit pas être bien loin de faire une petite syncope. Ou bien elle va juste vomir sur sa table en bambou ce qui n'est guère pour le satisfaire. Pourtant, le nippon ne semble pas faire le moindre geste vers elle, pas plus qu'il ne lui adresse le moindre intérêt alors qu'il contemple son verre. C'est même à se demander si il note sa présence où si il pense qu'elle est déjà partie parce que, pour lui, la conversation est terminée. De son point de vue, il a eu ce qu'il voulait, des informations et même si elles ne sont pas bien nombreuses elles pourront toujours se révéler utiles. Un minimum au moins, parce qu'il n'était toujours pas convaincu qu'elle avait assez d'intellect pour être fiable. Mais ça, c'était une autre histoire et il allait devoir faire avec les moyens du bord. C'était ça où révéler à d'autres une vérité cachée.
Mais là encore, ce point ne lui traversait pas l'esprit alors qu'il buvait une gorgée, remontant son regard vers le plafond par la même occasion.

De fait, il eu un petit temps d'arrêt lorsque ses yeux se posèrent sur la blonde ; comme un instant de lucidité alors qu'elle semblait toujours parler. Et être là par la même occasion. Eiji fronça les sourcils tout en évitant d'avaler de travers. Ca aurait fait désordre qu'ils soient deux à s'étouffer à cause du bout d'ADN commun qui était assis en face d'eux...
Il semblat pourtant reprendre assez rapidement contenance où une raison à la présence de la jeune femme. De loin en loin, ils étaient également venus ici pour parler d'autre chose que de ce plan, non ? Du moins, il avait ce souvenir d'un passage comme celui là dans leur conversation. Elle devait donc être restée là pour ça.

Pour autant, elle n'avait pas l'air très bien dans son assiette, ni de goûter l'idée d'avoir une pensée rationnelle alors qu'elle en était encore à cette histoire de saut dans le vide ce qui le fit hausser un sourcil alors qu'il reposait son verre avant de... sourire... Puis rire tout en mettant son poing devant sa bouche.

« Evites de sauter, j'ai encore besoin de toi... »

Il avait prononcé ces mots comme une évidence. Bien qu'on sente clairement la moquerie pour une fois alors qu'il reprenait contenance presque aussi vite que son rire lui avait échappé. Il faut dire, qu'en règle général, Iwao -et par extension Kaneko- était souvent le seul à l'entendre et même entre eux, ça arrivait assez peu souvent. Particulièrement parce qu'ils avaient passés très peu de temps ensemble depuis que Kassie était... Le regard onyx de l'homme se couvrit d'un nouveau voile noir pendant quelques secondes. Comme si cette pensée était trop douloureuse pour vouloir le quitter. Comme si il s'en voulait aussi, de l'avoir laissée s'échapper pendant quelques instants. Un petit moment où il s'était occupé d'une autre affaire qui lui avait permit de souffler et d'arrêter de se flageller.
Posant son verre, il passa sa main dans sa nuque. Peu à l'aise dans cette situation sans qu'il ne sache vraiment pourquoi où qu'il cherche réellement à le comprendre. Et comme pour se permettre d'effacer la moitié de ses idées, il retourna fouiller dans ses vêtements pour en sortir un petit sac.

« Quelques effets personnels de Nikolaï ; sûrement les aura-t-il oubliés en partant »

Il n'y avait pas grand chose pour tout avouer ; quelques babioles, un médaillon qu'Eiji n'avait pas cherché à ouvrir, un portrait au fusain fait part sa mère sûrement et quelques photos ; dont une qui contenait le même symbole que celui trouvé quelques mois plus tôt dans cet appartement délabré.

« Ca m'a demandé un peu de temps mais j'ai trouvé divers endroits avec ce symbole. Un bâtiment près de la Place Rouge à Paris notamment. »

Et autant dire que sans utiliser toutes les petites mains qu'il avait à disposition, ça lui avait pris pas mal de temps. Surtout quand on savait tout ce qu'il gérait le reste du temps et à quoi il passait l'autre moitié. En sommes, ça aurait pris vingt minutes en mettant à profit le clan ou, a minima ses cousins, mais il avait choisi de la faire seul et minutes étaient devenues mois. Honnêtement, ce n'était presque rien de son point de vu, mais ce n'était pas pour ça qu'il poussait le sac vers elle. Car si lui n'avait aucun besoin de connaître l'homme qu'il poursuivait ; elle pourrait peut-être se remettre à respirer normalement en observant les faux trésors qu'il y avait là-dedans.

Ruelle - Pré-au-Lard ֍ C'était une impression où il avait bel et bien prononcé des mots qui avaient été totalement balayés d'un revers de main par les effets qui étaient venus se poser sur la table ? Visiblement non puisque la conversation semblait se terminer pour dériver vers des choses un peu plus personnelles. Lentement il attrapa son verre entre ses doigts tout en tournant un regard vers la photo qu'elle lui montrait. La main qui tenait se dernier n'eut pas le temps de finir sa course jusqu'à ses lèvres alors qu'elle maintenait l'alcool de riz en suspension dans l'air.
Il avait quel âge là ? Eiji ferma lentement les yeux pour mieux les détourner et commencer une analyse du contenant à saké. Ce n'était pas trop dur à savoir pour lui, il souriait sur la photo. D'un petit sourire d'enfant qui aimait courir derrière les papillons filet au vent.

Ça devait être cette période là, juste avant. Avant, quand elle était encore là, qu'elle jouait de la musique de jour comme de nuit et qu'il la suivait comme une ombre, Kaneko jamais bien loin. Iwao non plus. Il revoyait leurs petites mains dans les siennes quand ils descendaient vers le petit village, il revoyait ses traits. Pendant des années, elle son souvenir l'avait hanté et aujourd'hui encore, il n'en parlait jamais. Il lui avait fallu des années pour faire plus que passer à côté de l'autel qu'on lui avait destiné. Des années encore avant d'ouvrir ses effets, comme son instrument de musique par exemple. C'était des souvenirs qu'il gardait, de bons moments qui étaient devenus douloureux... après... Depuis qu'elle n'était plus là ; il n'en parlerait pas. Ses yeux devaient le faire pour lui alors que les battements de cils avaient cessés, que son regard voyait sans voir et qu'il semblait avoir du mal à rester concentré.

Avec une profonde difficulté, il fini par lâcher son verre du regard et le reposer avant que ses doigts crispés ne le fasse voler en éclats.

« Au Japon. »

C'était évident non ? Même si ça ne l'était peut-être pas puisqu'il était enregistré sur des registres bulgares grâce à de fines manigances de son paternel. Qu'est-ce qu'il en savait de toute façon ? Et pourquoi avait-elle besoin de le savoir ?

« Sur une île au nord de l'archipel principal. »

Il ne savait même pas pourquoi il précisait. Sûrement parce que le japon, ça restait grand. Même si ça ressemblait à une simple bande de tissu sur un planisphère. Et puis, ça n'engageait à rien, la plupart des gens pensaient que le Nord du Japon s'arrêtait à Hokkaido ; ils oubliaient parfois qu'il y avait plus, tellement plus ; et un endroit là-bas, quelques part entre les flots.
Sans plus s'étendre, il l'observa quelques secondes alors qu'elle posait les mains sur le médaillon ; qu'elle ouvrit...

Il ne sut ce qu'il était en train de lire sur ses traits, mais sa voix était beaucoup plus aidante pour déchiffrer le sentiment qu'elle devait ressentir maintenant. Ou pas ; en soit ça ne l'atteignait pas et ça ne changerait pas le court de sa vie. D'ailleurs, il dû faire un effort pour poser ses doigts sur les siens et permettre à ce qu'il y avait dans ce médaillon de rejoindre son champ de vision.
Eiji inspira et aurait même pu se maudire intérieurement. C'était tellement...

« C'était à lui, je n'avais aucune raison de l'ouvrir. »

Lui, peut-être. Mais est-ce que quelqu'un d'autre l'avait déjà fait ? Eiji fronça les sourcils. Nikolaî avait eu une place toujours très particulière au sein du clan. Il en faisait partie sans en être réellement. Il lui avait appris les coutumes du monde magique mais tout le reste de son éducation et tous ses liens avaient été créés par d'autres entités. Si bien qu'il était son père sans l'être vraiment. Il ne savait même pas ce qu'il avait jamais ressenti pour lui ; dans son regard il n'y avait que sa mère, son grand-père, ses cousins et son oncle... Cette famille là, celle qui lui ressemblait bien plus physiquement il la reconnaissait mais lui... Avec le temps c'était juste devenu Nikolaî.

« Garde le si tu veux et le reste aussi. » Ça ne l'intéressait pas. Pas vraiment. Il y avait trop peu de choses utiles là-dedans. Et au besoin, si elles le devenaient, il pourrait bien venir les reprendre plus tard. « Ça va aller ? »

Pour la première fois, peut-être, une ride vint se former sur son front. Est-ce qu'il devrait s'excuser du comportement de Nikolaï ? Ou dire autre chose ? Il ne savait pas. C'était comme ça, si leur père savait, il n'en avait pas parlé. Ou, du moins, n'en avait-il pas connaissance. Mais ce n'était pas si étrange que ça, n'est-ce pas ? Pas quand on vit entouré de tous les secrets et qu'on vit au milieu d'eux. Du moins, pas pour lui.
Les secrets ça peut tuer, sauf quand ils restent cachés.