Si passer par la cuisine du Square Grimmaurd était un impératif pour Noah le matin, passer par la céfétéria de Grimardent allait certainement en devenir un également. D'une part parce que la carte proposée n'était pas avare en breuvages qui vous feraient tenir toute une journée ; mais parce que les petites douceurs qui accompagnait une bonne tasse de café à emporté avait l'air bien appétissante. Sans parler de l'une des serveuse qui n'avait rien à voir avec les elfes de maison. Bien qu'il n'ait rien compris à ce qu'elle lui avait dit ce matin puisqu'elle s'était mise à marmonner dans une autre langue ; espagnol peut-être ? Bref, il avait compris l'idée quand elle était rentrée dans un elfe qui était apparu non loin d'elle sans même avoir donné l'impression de le voir...
Une vanne plus tard sous le regard courroucé de cette femme qui donnait l'impression qu'elle allait lui jeter ses chaussures à talons en travers de la figure et il lui adressait un signe de main, café en main avant de quitter les lieux.

Son sac sur le dos, un pantalon de jean sur les fesses et un blouson de cuir aux couleurs des verts et argents -même si le fond était noir...- qu'il ne quittait que trop rarement et le voilà en train d'errer entre les bâtiments jusqu'à trouvé celui qui accueillait les cours de politique... Cours qu'il allait très certainement détesté suivre puisqu'il ne comptait pas devenir ministre de quoi que ce soit, ni jouer des coudes dans n'importe quel univers où on utilisait de la politique. Mais soit, remettant la bretelle de son sac sur son épaule, il passa une main dans ses cheveux ; saluant quelques étudiants qui étaient allés avec lui à Poudlard avant de prendre l'escalier extérieur pour pousser la porte du bâtiment.

Ce fut une sorte de... cri (?)... Ou à minima une sorte d'exclamation qui lui fit relever la tête de son gobelet en carton. De l'endroit où il se trouvait, c'est à dire dans l'encadrement de la porte, il avait une très bonne vision de ce qui allait se produire dans moins de quelques secondes si personne ne faisait rien...
Et... Disons que finir les quatre fers en l'air sur le carrelage alors que l'année commençait à peine n'était pas forcément une bonne idée. D'un autre côté, quand on ne savait pas marcher avec des talons, il fallait mieux s'abstenir non ?
Pas qu'il désaprouve l'idée que les femmes avaient de porter des escarpins, après tout ça galbait plutôt efficacement leurs silhouettes en règle général et il appréciait les observer ainsi accoutrée. Ce qu'il comprenait moins, en revanche, c'était celles qui se forçait à en porter alors qu'elles avaient deux pieds gauche. Noah en aurait bien soupiré intérieurement si il n'était pas déjà en train d'augmenter sa foulée pour rattraper la jeune femme en passant un bras dans son dos.

En espérant qu'elle ne soit pas trop lourde cependant, c'est que sa main directrice était vissée au gobelet qu'il n'était pas près de lâcher. Le café, c'était sacré et le faire terminé par terre n'était pas dans l'ordre de ses idées.
La casse sembla être évité, ce qui lui valu un soupire de soulagement intérieur. Parce que quand on se décide à jouer les chevaliers servants, c'est tout de même mieux quand vous ne louper pas votre coup ; là vous passiez directement pour un con. Mais non, elle était bien là vu le mal de bras qu'il se tapait maintenant.

Posant un regard sur la jeune femme, il resta ainsi un moment avant de sourire lui sourire légèrement.

« Ca va aller ? »

Pas que ça l'intéresse mais il n'avait pas vraiment envie que l'action s'éternise. C'est que les séries moldues que les français appréciaient en période de fin d'année, ce n'était pas vraiment à son goût. Même si, pour le coup, l'actrice aurait pu être plaisante à regarder si elle ressemblait à cette fille qu'il avait sur le bras.


 

Dire que Noah c'était attendu à une autre réaction suite à ce sauvetage n'était pas peu dire. C'est que la demoiselle n'y allait pas de main morte maintenant qu'elle était revenue sur ses pieds. Et plus elle parlait de cet accent presque aussi autoritaire qu'il était charmant à sa façon de rouler les « r » ; plus il aurait pu regretter de l'avoir sauvé. C'est que se faire entendre dire qu'on n'est qu'un abrutis alors qu'on vient de faire une bonne action, ça se pose là vous comprennez...
Il en restera d'ailleurs sans voix l'espace de quelques instants alors que son égo et lui accusent le coup. Au fond de lui, il n'est pas vraiment certain de savoir à qui elle s'adresse où à qui elle pense s'adresser mais visiblement, elle ne semble pas comprendre que c'est sa propre maladresse qui l'a mise dans cette situation. Il faut dire que, jusque là, personne d'autre n'est tombé n'est-ce pas ? Corrélation avec le fait de ne pas savoir porter de talons ? Sûrement.

Et tout en la laissant continuer, Noah acquiesse tel le benêt qu'elle pense qu'il est. Il aura même un demi-sourire alors qu'il pince les lèvres en attendant la suite. C'est que, de son point de vue, il serait dommage de ne pas la laisser terminer. Elle est tellement bien partie pour s'enfoncer qu'il a même envie de prendre quelques minutes pour rentrer dans son jeu. A moins que ça ne devienne le fruit d'une vengeance glacée qui est en train de germer ? A ce stade, il ne sait pas encore trop. Mais se payer la tronche d'une gamine aussi désagréable, ça devrait lui faire passer un bon moment et potentiellement de quoi rater ce cours auquel il n'avait pas envie d'assister.

« Très bien Mademoiselle, je ne manquerais pas de demander à mon supérieur de venir vous voir. Souhaitez-vous me donner votre nom pour que je puisses l'amener à vous contacter ? »

Faire une petite courbette maladroite en prime semblait être une parfaite idée. Et puisqu'elle semblait croire qu'il n'était qu'un larbin avec un QI au ras des paquerettes, autant continuer.

« Où souhaitez-vous prendre votre latte, Mademoiselle ? Il y a des bancs à l'extérieur du bâtiment. Ces derniers ont une magnifique vue sur l'extérieur et les passants... Souhaitez-vous que j'en lustre un avant de vous apporter votre boisson ? »

Conchita, ou un Elfe de Maison n'aurait pas mieux fait. Et tout en mimant ses paroles, il avait un mal certain à ne pas se retenir de rire. C'est que c'était très divertissant que d'abonder dans son sens même si, raisonnablement, il aurait simplement préféré un 'merci' ou qu'elle l'ignore royalement. Visiblement, Princesse allait devoir apprendre un peu de cette politesse anglaise qui lui faisait cruellement défaut. Mais tout comme il devait avoir l'air d'être le dernier con de la terre à ses yeux ; elle avait beau être bien roulée, elle n'en était pas moins abrutie pour lui. Il faudrait penser à relever le niveau de la pensée, Princesse ; parce que ce ton là, il était vraiment pas transcendant.

 

Cette fille était définitivement un cas. Elle n'avait même pas l'air de se rendre compte que chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, et était plus désagréable encore que l'instant d'avant, elle continuait de débiter des anneries qui ne la servait pas ? Noah en était même à se demander si elle ne manquait pas un peu de jugeote où si c'était simplement dans sa personnalité. Ou bien un genre qu'elle se donnait de dire autant de conneries les unes à la suite des autres.
Parce que là, clairement, il y avait un sacrés level et bien qu'il se contente de sourire comme un benêt, de courber l'échine et de dire amen, il n'en pensait pas moins. Pour autant, ce n'était pas encore le moment de la faire redescendre sur terre, il doutait de toute façon qu'elle en soit capable et, d'un autre côté, faire remarquer ses défauts à ce genre de personnes ne fonctionnerait pas non plus. C'est qu'ils avaient l'esprit si étriqué qu'y faire rentrer une bille était déjà trop compliqué, alors imaginez un peu ce que ce serait pour un concept tout entier... Peine perdue.

Non, vraiment, il optait pour la meilleure des solutions à abonder dans son sens, même si il s'en prenait plein les dents.

« Pardon mademoiselle. Veuillez m'excusez mademoiselle. Tout de suite mademoiselle. »

Et tout en activant tel un domestique qui se faisait remonter les bretelles ou un Elfe de Maison au maitre particulièrement désagréable, il repartit dans le sens d'où il était venu pour aller lui chercher cette tasse de latte dont il avait limite oublié la composition.
C'est la serveuse qui allait être contente quand il lui demanderait d'ajouter de l'extrait de vanille naturelle et pas cette merde artificielle qu'on servait habituellement. D'ailleurs, c'était texto ce qu'il lui avait demandé en arrivant au comptoir après avoir pris soin d'attendre sa recharge de café. Et ça n'avait pas manqué, elle l'avait regardé avec ce genre de regard qui vous demande si vous n'étiez pas en train de vous payer sa tête et elle avait versé... de la vanille artificielle en bonne quantité.
Il l'aurait voulu que la serveuse n'aurait pas mieux fait même si l'Elfe à côté d'elle ne semblait pas trop d'accord avec l'idée de flouer les clients. En attendant, Noah avait si bien précisé que son 'amie' avait insistée pour que ce soit ainsi et pas comme ça, qu'il s'en mordait déjà les lèvres de voir sa réaction quand il la retrouverait dans sa sacro-sainte salle de classe...

Enfin ça, ce serait quand il aurait assisté à son propre cours ; c'est qu'il ne fallait pas tout servir trop vite et puis, dans sa précipitation, la princesse ne lui avait pas indiqué l'endroit précis où se trouvait sa salle de cours. Il n'était pas devin malgré les apparences et bien qu'il rêve de voir sa tête en dégustant le latte, ça allait devoir attendre un petit peu.
Sac toujours sur l'épaule et mains pleines, Noah se glissa dans la salle après avoir pris soin de regarder le numéro près de la porte. Voici donc son enfer politique pendant les prochaines heures... Joies et bonheur ! Surtout que la classe était bondée de monde. A croire que les gens rêvaient bien trop haut d'être bien trop importants... Il soupira, souria et manqua de rire ou de s'étouffer, au choix, en voyant que la seule place libre était à côté de la victime des escaliers.

« Votre latte mademoiselle, avec de l'extrait de vanille, comme vous l'avez demandé. »

Il déposa le gobelet sur la tasse, nouvelle et ridicule courbette à l'appui avant de se mettre près de la chaise, occupée par un sac et d'attendre. Est-ce qu'elle allait percuter ou pas ? C'est que ça aurait été intéressant de voir pendant combien de temps elle aurait supporté sa présence près de lui et son regard insistant qui allait entre le sac et la jeune femme.
La manège ne put cependant pas durer bien longtemps lorsque le maitre de conférence entra dans la pièce et lui demanda de bien vouloir prendre place.

"Veuillez prendre place jeune homme, ne restez pas planté là nous allons commencer"

Noah regarda le professeur qu'il avait déjà croisé la veille dans cette même salle, pour ce qui fut une présentation du programme de l'année, avant de reposer ses yeux sur la chaise.

« Désolé monsieur. Je voudrais bien prendre place mais il semblerait qu'un sac mérite cette chaise plus que moi. »

Une petite gorgée de café pour la route Noah ? Tout à fait, même si ça ne masque pas ton sourire en coin alors que tu regardes la brunettes, ton sac de cours descendant lentement de ton épaule, le long de ton bras pour venir se loger dans ta main et tomber sur la table libre.

 

Si Noah pensait qu'elle avait touché le fond en étant aussi désagréable que possible, ce n'était visiblement pas le cas alors qu'il la voyait lui lancer une mornille quelques secondes plus tard. L'ancien Serpentard qui était presque au bord de l'hallucination, ne put réprimer un haussement de sourcil avant de voir la pièce rouler à ses pieds. Il ne fallait peut-être pas pousser non ? Parce que l'irrespect ça allait un temps, n'est-ce pas ? Et ça commençait même à être très peu gracieux voir même, pas franchement amusant. Que certains traite leurs elfes de maison de cette manière n'était pas un problème en soit mais qu'on traite une autre personne comme ça, sans même le connaître... C'était un peu crade non ? Laissant son visage reprendre tranquillement la voie de l'humour, il se baissa cependant pour prendre la pièce avant de répondre au professeur sans le regarder vraiment.

Voilà, là ça devenait intéressant alors que la petite bulle de bêtise dont elle s'entourait semblait éclater lentement mais sûrement. Il aurait même pu entendre un petit pop sonore au moment où la réalité venait la frapper en plein visage.
Pourtant, ça ne semblait pas la déranger outre mesure. Pire, ça l'agaçait même ! Un comble pour celui qui s'était vu traiter comme une sous-merde qui ne méritait même pas d’exister.
Tirant la chaise légèrement avant d'y poser les fesses, il eut un petit soupire presque exaspéré alors qu'il commençait à ouvrir son sac à dos pour en sortir ses affaires.
Il ne lui tint même pas rigueur de son petit commentaire qu'elle devait penser inaudible. Franchement, à un stade du jeu et maintenant que la vérité avait éclaté sur le fait qu'il n'était pas employé ici... Il n'y avait rien d'autre à faire, n'est-ce pas ?

Du moins pas pour l'instant alors qu'il étendait ses jambes sous la table, s'appuyant contre le dossier de sa chaise pour se préparer à cette lente agonie que serait le cours de politique. On travaillerait sur quoi aujourd'hui ? L'art de savoir tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d'exprimer une pensée ? Pas sûr que ça soit utile pour lui, pour sa voisine de table par contre...
Posant sa main sur son livre tout juste sorti, Noah allait bientôt passer en mode off pour le reste du supplice.

« Hmm ? » Il était certain de l'avoir entendu parler sans vraiment comprendre ce qu'elle avait dit. Mais son regard suivi bientôt celui de la jeune femme pour venir se poser sur son livre, à quelques centimètres de ses doigts. Ho... Ça...

Le sourire en coin si vite disparu, réapparu presque aussitôt.

« Nott. N. O. Deux T. » répéta-t-il comme pour l'aider à bien lire. Son dos quitta ensuite le dossier de sa chaise alors qu'il posait sa tête sur son bras, le visage tourné vers le jeune femme. «  Tu es étudiante ici et tu ne connais même pas l'identité des grands noms de ce monde ? » Tacle gratuit face aux mots qu'elle lui avait envoyés en pleine tronche un peu plus tôt.

« En général, on m'appelle Noah... » Avoue que tu ne t'y attendais pas à celle-là ! C'est limite si il n'allait pas exploser de rire alors qu'il se redressait. « T'en fais pas, je ne dirais pas que tu m'a pris pour ton valet de pied...Mais peut-être que tu peux te présenter maintenant ? »

Genre, ça allait le déranger ? En fait non. D'ailleurs ça lui passait totalement au-dessus de la tête. Mais à elle, est-ce que ça allait passer au-dessus ? Ou bien elle allait faire une syncope peut-être ? Ou s'étouffer avec sa salive à défaut de le faire avec son latte ?

 

Et bien, et bien ; c'est qu'elle avait étudié de toutes ses forces visiblement. Et... Ce n'était pas un peu triste, en soi ? D'avoir dû passer autant de temps à apprendre des noms de familles, des prénoms et des listes. On était d'accord qu'elle n'avait tout de même pas remonter toute la généalogie n'est-ce pas ? Non parce que là, ce serait pire que de la tristesse pour elle qu'il allait ressentir. Mais bien de la pitié à vouloir lui en patpat l'épaule. Parceque, franchement, il ne fallait pas être un peu cinglé pour avoir envie de retenir tous les grands noms et leurs héritages ? Où alors c'était une maniaque quelconque qui n'avait rien d'autre à faire de sa vie. Hooo, la pitié revient là. Non, vraiment ; c'était d'une tristesse !
Et puis... En vrai, elle avait prononcé le prénom qu'il ne fallait pas, donc ça ne lui donnait plus aucune envie de faire l'effort et de faire semblant que sa mémoire lui importait d'une manière ou d'une autre.
A vrai dire, il avait bien tiqué en se redressant et en trouvant, tout de suite, très intéressant ce début de cours sur une quelconque politique du passé, un grand nom de la politique, ou une technique de politique et blablabla ; ça rentrait par une oreille et ça ressortait par l'autre aussi vite qu'un vif d'or à peine relâché !

« Thaddeus hein ? » Raaaah, il allait vomir. Rien que de se l'entendre prononcer ça lui donnait la gerbe. C'était pas possible d'avoir un prénom comme ça ! Pas possible, non plus, que ce soit par simple tradition et pourtant, pourtant c'était avec un demi-sourire qu'il l'observait à nouveau, regard en coin. « Tu penseras à me le présenter, Raïssa Petroff, j'aimerai beaucoup échanger avec lui... »

Ben oui pardi, se faire un petit débat sur qui allait mourir demain entre Thaddeus et Noah, ça valait le coup d'oeil. Même si, sans conteste, son premièr prénom était déjà enterré depuis longtemps de son point de vue. D'ailleurs, il ne nota même pas que ses révisions et ses études auraient pu pousser sur l'ensemble des prénoms de lui et sa fratrie ; c'était qu'ils en avaient tous plusieurs à vrai dire. Comme beaucoup d'anglais cela dit en passant. Mais bon, au choix, il préférait encore être valet de pied qu'être nommé Thaddeus. Non, ça c'était pas possible pour lui.

Un point partout, la balle au centre on dirait, non ? Mais qui gagne une bataille ne gagne pas forcément la guerre. Et puis ce cours allait être chiant donc il n'avait aucune raison de le suivre, n'est-ce pas ? Enfin pas la première partie, la seconde peut-être ? Juste assez pour avoir la note qui va bien à l'examen et que son vieux lui foute la paix en somme.

« Du coup, vu que tu connais si bien les Nott sur le papier, tu les as déjà vus ? Ou bien tu as un intérêt particulier pour la généalogie anglaise ? Parce que, franchement, pourquoi quelqu'un passerait autant de temps à apprendre des noms et des prénoms si il n'avait pas une idée derrière la tête ? Autre chose que je devrais savoir peut-être, RaIssa Petroff ? »

Quoi ? C'est vrai que c'était totalement louche non ? Enfin... Pourquoi donc se faire chier à faire ça ? Ca laissait pas paraître plus intelligent de posséder ce savoir. Limite si ça faisait pas juste passer la jeune fille pour une névrosée. Fallait peut-être s'en méfier au final ? On sait jamais... Peut-être qu'elle avait des intérêts sous-jacents à apprendre tout ça sur sa famille et sur les autres familles aussi ? Invasion bulgare en Angleterre ? Autre chose ? Ouais, fallait qu'il creuse, voir si ça servait ou desservait ses intérêts. C'est qu'il y tenait à ces derniers...