Smoke me - up

feat LIBRE  

Assise sur un banc dehors, Analee regarde à travers le viseur de son appareil photo. De blanc à gris, de gris à blanc; le décor de l’école se présente pour elle dans les mêmes teintes depuis quelques jours déjà. Elle suit de son regard vert absinthe l’une de ces cibles qui fait des allés et retours toujours au même tempo sur le campus de Grimardent. Elle ajuste la lentille, modifie l’angle pour éviter de capter le flou du reflet de la lumière, avant de presqu’appuyé sur le bouton pour lancer la captation de l’image. Elle n’a pas tant besoin de la prendre, c’est plus pour camoufler sa surveillance qu’elle s’y adonne. Sauf quelques clichés qu’elle aura plus appréciés; de ceux qui devrait les rendre heureux s’ils avaient un jour la chance de les voir, de ceux qui lui donne presqu’instantanément la nausée. Il y en a un descendant ici; et c’est lui qu’elle surveille pour le moment. Les autres, auront leur temps tout autant mais pas ce matin. Et puis, c’est plus facile ici, le campus n’est pas autant surveillé; on leur fait confiance à ces petits angelots pour savoir quoi faire et bien se conduire. Quelle bonne blague! Hier encore, elle avait investi une fête de dortoir chez les Plumeria ou clairement les stup étaient à l’honneur; qui aurait cru que les adeptes des plantes avaient tant envie de rester défoncée; mais c’est qu’elle se sentait comme chez elle alors qu’elle fumait un mélange maison assis sur les genoux d’un mec dont elle ne connaissait même pas le nom. Mais lui, lui qu’elle observait, il n’allait jamais dans ce dortoir, et quand bien même c’était le pied pendant un très court instant, ça n’avait que très peu d’intérêt si elle n’arrivait pas à faire un minimum son boulot. Alors après avoir quitté langoureusement l’un des lits habités de ce si charmant dortoir universitaire, elle était dehors à se geler le cul sur un banc.

Quand elle finit par poser son appareil sur ces genoux, elle sort un joint, vestige de la veille qu’elle allume avant de se mettre aux lèvres. Une aspiration, puis une seconde; de quoi tranquillement apprécié l’effet alors qu’elle coince le rouleau entre son annulaire et auriculaire de la main droite et remet l’objectif devant son regard. Puis elle expire très lentement la fumée blanche entre ces lèvres. C’est plus brillant, plus vif, ça l’a fait même un peu rire. Puis elle retient à une main l’appareil avant de prendre une nouvelle aspiration, pour laquelle elle cambrera et balancera le cou après comme pour se détendre les épaules et apprécier la douleur causé par l’étirement. Et puis, ça vire au noir sous ces yeux. Et dégage son appareil, c’est pour noter l’ombre de quelqu’un qui est directement devant elle qui lui coupe la vue. Pourquoi ? Probablement une erreur; après tout, on ne viendrait pas l’enquiquiner alors qu’elle est assise non ? À moins que ça soit l’herbe ?

Dit chérrri, si tou veux qué jé té prrenne en photo, t’a qu’à demanderrrr!

Mais elle aura cet air intéressée et amusante qui prendra place sur son visage. Dégage ou fait ton intéressant. Fait le bon choix, j’suis pas du genre à patienter. Et puis, elle n’a aucune raison de courir comme une conne sur le campus, elle n'est même pas inscrites. Certes, elle essaie de s’infiltrer en classe d’herbologie, et elle y arrive occasionnellement; mais y’a pas cours ce matin, alors autant dire qu’elle a tout son temps à meubler avec ton joli petit cul.

PRETTYGIRL